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25/10/2013

sans titre

Il s'assit sur la balustrade du pont, le vent s'était calmé et la pluie commençait a tomber ; Siphyl sans savoir pourquoi repensa a ses deux grands pères ; il les revit dans son souvenir non pas tel qu'il les avait connu, mais tel qu'il se les était représenté des la première fois, alors qu'étant encore enfant, il avait savourer le passionnant récit de leur héroïsme respectifs ; Siphyl entretenait un lien étrange avec cet inépuisable amas d'horreur qu'avait été la dernière guerre ; il s'y replongeait périodiquement, comme s'il avait effectué une sorte de cure, de pèlerinage a but thérapeutique ; pas pour ne pas oublier, mais pour renouveler en lui le sens du tragique ; et quand le passé, ou l'immémorial travestit dans le ressouvenir de l'enfance, ressurgissait, il n'apparaissait pas comme si Siphyl avait épluché un oignon pour atteindre, peau par peau un centre vide et inexistant, mais au contraire, comme une explosion qui était en elle même sa propre logique et en dehors de laquelle rien n'avait de justification ; ces grands parents étaient en lui a tout jamais figés autour de cet éruption de lave, ce noyau incandescent et sombre ou se nouaient une bonne partie des fils de leur existence, qu'avait été la guerre ; l'immanence de l'horreur et de l'indicible s'insinuait dans les souvenirs qu'il en donnaient a l'enfant ; et plus ils le taisaient plus l'enfant devinait la présence indicible de la présupposition qui l'effrayait et l'attirait ; généralement ces grands-mères, n'aimaient pas trop que l'enfant posa ce genre de question ; les grands pères par contre étaient plus ouvert, et en parlaient sans trop de réticence... mais l'enfant aimait surtout se faire répéter les passages les plus tragique, ceux ou la mort leur courrait après ; il questionnait tant et plus sur toutes sortes de détails... «  quand ton side a explosé près de Blois, c'était le jour ou la nuit? ….. la nuit...et tu roulais vite? ….vite et tout feu éteints....et comment ça c'est passé « l'explosion »? ….. aucun souvenir.... tu t'es réveillé ou?.... » ; et l'enfant trouvait cela très beau, beau a le faire frissonner comme s'il s'était enveloppé d'un tapis d'horreur grouillant de maléfices dans le maquis de sa torpeur que le tragique venait ressusciter et attiser d'une ardeur incomparable ; au récit angoissant de ces souvenirs, l'enfant sentait tout son être a la fois se comprimer et se projeter dans une rage qui dépassait tout désespoir ; ce qui, de cette époque, le marqua définitivement, c'était l'indélébile impression du scandale face a la barbarie ; un sentiment de rage absolu montait en lui des que le récit achoppait a l'inexplicable injustice, comme un cauchemar précurseur de l'éveil que la catharsis libérerait, plus tard, et qui était souvent long a venir ; et, pour une heure passée a écouter les témoignages de ces aïeux, il lui fallait souvent s'attendre a voir son humeur diminuée plusieurs jours encore ; «  Qui t'a trahit grand père? ….on a jamais su....mais on a compris quand ils ont débarqué un matin, casqués, bottés et armés jusqu'aux dents...et comment ils t'ont envoyé au sto? ….par le train, mon pet'gars, par le train... » ; leurs récits n'étaient jamais reconstruit, toujours quelque peu éclatés, aussi fallait il s'y reprendre a plusieurs fois avant de se faire une idée complète des événements ; mais de toute évidence cette guerre avait été un cantique tragique, un absolu d'horreur ou aucune apparence n'était ce qu'elle paraissait ; surtout quand le grand-père alimentait le maquis en viande et qu'il devait rejoindre les îlots mouvants et sablonneux de la Loire ou les rendez-vous été souvent fixés ; aucun conte de son enfance, aucune légende, aucun mythe, n'avaient eut cette force, ce pouvoir stimulant de contraindre l'existence a une transparence suspicieuse de chaque instant, ni non plus ne rendait mieux ce commandement absolu, de ne jamais paraître ce qu'on été vraiment au risque d'etre lynché ; exister signifiait alors, garder contamment l'incognito et plus encore, paraître le contraire de ce qu'on était pour filer sous la moustache insolente et bestiale des nazis alimenter les forces du renversement ; la legende etait vivante au yeux de l'enfant, en chair et en os, elle respirait et parlait comme les medailles encadrées dans les sous verres du salon ; les dragons etaient allemands, les tortionnaires avait des sourires de facades et des faciès de lieu commun ; la mort etait aussi proche que l'ami qui tombe raflait par une balle en s'échappant d'un camps de travailleurs forcés ; «  Tu l'appelles toujours Lapin ton copain, grand-père, mais c'était quoi son vrai nom?..Marcel... mais jamais on l'appallait par son prénom, on l'appellait lapin, parce qu'il courrait vite comme un lapin, et il est mort juste après m'avoir sauvé la vie...;de la noyade?....oui quand on s'est enfuis du camps de X...et pourtant c'est lui qui est « tombé »... » ; alors son regard s'abordait entièrement dans sa douleur, et il concluait par une grand soupir « ….hé oui c'est comme ça..... » ; puis la grand-mère s'approchait, dans son horrible tablier a petites fleurs marrons, le brushing impeccablement blanc, elle tendait la Nouvelle République au grand père et chassait l'enfant qui soit-disant, l'indisposait de ces questions ; alors Siphyl retournait a ces jeux d'enfant solitaire, faire semblant ; mais était impuissant a faire quoi que ce soit ; les cadavres, les nuits de bombes, les tremblements d'effroi devant la forces des armes et les jours de faims et de froids virevoltaient dans sa cervelle, non pas a la façon d'une histoire qu'on se raconte, mais a la façon d'un plaidoyer contre lui-même et contre le genre humain ou de toute évidence, la bêtise, l'ignominie et la lâcheté était consubstantiel a la société, un ciment et un moule qui avait épargnés ces héros personnels, ces vivantes exceptions que Siphyl vénérait secrètement.

 

Pendant la guerre chacun était certain d'avoir a rencontrer ce qui le scandalisait le plus ; et Siphyl avait perçu cet état de fait, comme un poinçon qui aurait troué la chaire des existants, comme pour reconnaître que dans le temps, il y a certaine chose, comme la torture qui l'effrayait tant, qui dépassent le temps ; une séance de torture n'est pas un événement qui a une durée ; elle n'a de durée que pour un observateur extérieur a la souffrance ; mais le malheureux qui est soumis au pire perversion de l'atroce barbarie n'existe plus dans un temps qui s'écoule ; tout est figé non pas comme si au coeur du temps quelque chose d'éternel apparaissait, mais comme si l'éternité était alors d'abord, l'enraillement du temps, le déraillement des wagons du sens dans l'amoncellement des cadavres ; la collision frontales des trains du passé et de l'avenir ; cette impression Siphyl l'avait a nouveau rencontré bien des années plus tard dans les grands romans et les grandes oeuvres d'art ; les meurtres dans 2666, ou chez Munch, chez Conrad, chez Dostoviesky, l'inégalable Shakespear...etc....et tous disaient la même chose....le bien ne devient conscient que dans la mesure ou il reconnaît son contraire....puisqu'il existe un mal absolu, un mal ou plus aucun espoir n'est accordé, ou le simple fait de penser est devenu impossible, c'est aussi, parce qu'il existe un bien, unique, un absolu, necessaire et suffisant, comme disait Therese d'Avila ; et c'était dans l'horreur de la suppression du temps que la forme négative du bien apparaissait : une présupposition ; car seule une présupposition pouvait a la fois être la forme d'une vérité éternelle apparaissant dans le temps, et la forme d'une inclusion dans l'éternité d'un événement factuel, contingent et historique ; pour Siphyl, des son plus jeune age, le bien lui avait paru être la même chose qu'une décision.....et depuis il n'avait plus jamais tari de mépris envers ce monde et cette société qui jouait en permanence les grands airs de diva, sans jamais tout ramener a ce point essentiel, et essentiellement simple, que le bien dépend exclusivement de la décision de chacun.

 

Mais le monde choisit toujours l'autre voie se dit Syphil en regardant Toulouse fondre sous la pluie, les pieds ballants dans le vide ;

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