28/03/2014
Job 6.3
- Oh ! s’il était possible de peser ma douleur,
et si toutes mes calamités étaient sur la balance, - elles seraient plus pesantes que le sable de la mer ;
voilà pourquoi mes paroles vont jusqu’à la folie ! - Car les flèches du Tout Puissant m’ont percé,
et mon âme en suce le venin ;
les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. - L’âne sauvage crie-t-il auprès de l’herbe tendre ?
Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ? - Peut-on manger ce qui est fade et sans sel ?
Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un œuf ? - Ce que je voudrais ne pas toucher,
c’est là ma nourriture, si dégoûtante soit-elle ! - Puisse mon vœu s’accomplir,
et Dieu veuille réaliser mon espérance ! - Qu’il plaise à Dieu de m’écraser,
qu’il étende sa main et qu’il m’achève ! - Il me restera du moins une consolation,
une joie dans les maux dont il m’accable :
Jamais je n’ai transgressé les ordres du Saint. - Pourquoi espérer quand je n’ai plus de force ?
Pourquoi attendre quand ma fin est certaine ? - Ma force est-elle une force de pierre ?
Mon corps est-il d’airain ? - Ne suis-je pas sans ressource,
et le salut n’est-il pas loin de moi ? - Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami,
même quand il abandonnerait la crainte du Tout Puissant. - Mes frères sont perfides comme un torrent,
comme le lit des torrents qui disparaissent. - Les glaçons en troublent le cours,
la neige s’y précipite ; - viennent les chaleurs, et ils tarissent,
les feux du soleil, et leur lit demeure à sec. - Les caravanes se détournent de leur chemin,
s’enfoncent dans le désert, et périssent. - Les caravanes de Théma fixent le regard,
les voyageurs de Séba sont pleins d’espoir ; - Ils sont honteux d’avoir eu confiance,
ils restent confondus quand ils arrivent. - Ainsi, vous êtes comme si vous n’existiez pas ;
vous voyez mon angoisse, et vous en avez horreur ! - Vous ai-je dit : Donnez-moi quelque chose,
faites en ma faveur des présents avec vos biens, - Délivrez-moi de la main de l’ennemi,
rachetez-moi de la main des méchants ? - Instruisez-moi, et je me tairai ;
faites-moi comprendre en quoi j’ai péché. - Que les paroles vraies sont persuasives !
Mais que prouvent vos remontrances ? - Voulez-vous donc blâmer ce que j’ai dit,
et ne voir que du vent dans les discours d’un désespéré ? - Vous accablez un orphelin,
vous persécutez votre ami. - Regardez-moi, je vous prie !
Vous mentirais-je en face ? - Revenez, ne soyez pas injustes ;
Revenez, et reconnaissez mon innocence. - Y a-t-il de l’iniquité sur ma langue,
et ma bouche ne discerne-t-elle pas le mal ?
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