Pôle emploi

dialogue moi/l'autre en interface du système

Bon je vois que le rectorat ne vous a pas appeler depuis un an …

ben oui, la dernière fois que je les ait eut, c’était pour me signifier que la rectrice avait nommer quelqu'un d'autre sur mon poste ….

Ne faites pas de mauvais esprit s'il vous plaît ; votre situation, économiquement non-viable ne vous le permet pas …

c'est a dire que quand même j'aurais aimer faire valoir mon dévouement et ….

Ah pardon, je vois aussi que vous avez quelques ruches … pas d'affiliation a la msa...

c'est a dire qu'il en faut deux cents pour être reconnu officiellement ….

deux cents ruches qu'est-ce que c'est de nos jours ? …hein ? non mais dites le franchement, vous n’êtes pas fais pour ça ?

C'est a dire que... les conditions dans lesquelles je travaille ne … la pollinisation des pommes et du melon …. c'est très chimique tout ça vous comprenez ….

je comprend surtout qu'il faut penser a une ré-orientation monsieur R. … vous ne pouvez pas rester un amateur toute votre vie ? … hein n'est-ce pas …. ai-je torts … dites...

c'est a dire que … j'aurais préféré ne pas changer de bran....

tiens, caristes ou peintre en bâtiments ça vous plairais pas … c'est la culture de notre temps, la polyvalence M. R.

c'est a dire que j'ai pas encore mon permis poids-lourds ….

...bon le cap dure trois ans … mais …. a l'embauche pas besoin de lettre de motivation …

ha enfin une bonne nouvelle …

Dans l'esprit très agressif du pro de l'embauche a tour de bras, c'est la notion de culture, et l'usage que ce simple nom a prit dans sa bouche qui m'a le plus déstabilisé. La culture qui pour moi est l'essence du vouloir dire de la vérité prenant son temps pour signifier l’être, était ici un alibi pour m'enfoncer dans le ressentiment de ma propre conscience de mon inutilité ; en rentrant je met la radio, qui s’arrête sur les ondes les plus compressées; interview d'une grande actrice française jouant le rôle d'une nymphomane dans son dernier film : « j'adore la générosité de cette femme qui offre son corps aux hommes …. » j’éteins tout ... heureusement il nous reste encore le silence pour exister vraiment et je me dis que le fait de n'avoir tuer personne dés 9H30 du matin, quand on est seul face a ce mur de violence et d'injustice qui vous broie sans ménagement, et qu'on nomme monde, est déjà un excellent résultat.

Puis l’après-midi visite partielle du rucher pour fermeture des ruches; et la tout est oublié, la haine humaine qui sévit dans toutes les instances de l’état, le mur de violence et d’indifférence a ce que vous êtes qui s'effondre, la campagne a l'infini ouverte a toutes les possibilités; aucun retour de l’âme comme a une vieillerie qu'il faudrait n'approcher d'abord que sous les traits jaunies d'une vielle connaissance oubliée, mais la fraicheur des gestes spontanés qui n'ont d'autre ambition que de pourvoir au bien de ceux qu'on aime; et l'élan du salut qui reprend possession des pratiques ancestrales les plus humbles.