Moart Besiom

 

Marcin Owczarek

 

 

Il éteint la lampe du microscope, puis se retire du bureau loin de la chaise en chrome et moleskine gris, et observe le rond de lumière qui coule de l’œil unique du cyclope comme d'un robinet ; le fluide universel déborde le socle en plomb de la lunette électronique, s’étale sur la surface de la table carrelée, et tombe dans les yeux des criquets de moquette qui rongent la télécommande, avant de remonter, lézard spéculaire, ombre d'arc en ciel, fluide essentiel irisé vers le poste de télévision ou des politiciens muselées les crachent en aspirant a la paille le liquide chlorique des âmes arrachées a la peur par des perspectives a court terme et sans vie, qui les harnachent de cuir et leurs laisse sur la langue un goût amer de bois sculpté au retard, sur les certitude d'échardes enfoncées comme un joug dans la chair qu'aucun vertigineux espoir ne vient plus soulever; a vif, les voies cachées dans les bulletins jonchent les plateaux de feuille mortes sous l’œil impavide des présuppositions inexploitées; ils disent: il faut au terme a la volonté, un cul de sac vers ou avancer ; et le téléviseur renverse leur image liquide partout dans la crypte a pix; dessus bord le flots forme chevelure de ruisseaux qui cherche son oreille et ses yeux pour le perdre a cette lune a peine perceptible du pain que les sillons embrumés mangent en campagne ; la voix cachée dans le piège, décompose l'isoloir en segment d’où sortent le prêtre, le chef de rang et les serfs savants ignorant le projet incertain et plein d'espoir qu'est l'amour; dehors, le vent mauvais du nord, se lève, et gèle toute compassion et tout pouvoir; son souffle s’écrase sur l’hôpital et en gagnant l’oasis : la moire au ciel de verre, siphonne quelques uns de ses mâles limiers ; c'est chasse a cours entre les jambes de pix, le fluide se précipite en nuages sculptés dans ce marbre flottant en plein bain d'essence; la neige avorte ses mensonges dans les tubes a essais ; le silence rode dans les couloirs de l'université ; quelques tuiles ont bougées qui signalent la présence du complexe a proton par delà la pulsation du cœur électronique de l’âme ; Pix relit ses notes, s'accrochent a ses derniers mots au bord de l’évanouissement ; il croque du vent le verbe qui le dit fou, tout en ne cessant de l'observer comme on observerait l'insaisissable naturel de l'instant, la grâce incalculable, l'incommensurable beauté du mouvement; la nature de la flaque qui s’arrête a la pointe de ses pieds reste impensée ; la mise en abyme des sondages de l’information l'interpelle comme s'il s'agissait d'un vestige, d'un fossile, d'un très frustre avatar d'une réalité autrement atonale ; la rumeur qui en proviennent semblent aussi peu fiables et assurées que celles qui traversaient l'humanité a pieds avant l'invention de l’écriture qui figea le messager dans l'unité du temps et de l’éternité de la valeur éternelle de ce qu'il signifiait; l'incarnation médiatique de tous les esprits aventuriers leur promet la glace, cette glace qui plaît tant a tous les esprits aventuriers attirés par toutes les régions de faille ou des changement radicaux de qualité se font sentir ; comme de substituer a l'adoration de l'argent et a son motif, une gratuité de la compassion qui a oublier jusqu'au sens que pouvait bien avoir l'argent ; aventuriers attirés par le pressentiment du paradoxe, de l'indertermination de la matière indéfinissable de ce verre qui donne la chair de poule ; sa peau devient grise comme celui de sa chaise ; la nappe tressaille ; une jactance laiteuse ondule dans son sein ; et des nuages foncés de nacre crèvent la surface de la bonbonnière, enfin; le gaz alternatif du rêve se libère et brûle en un instant dans les cratères géométriques du labo; au même instant, une nuée de sanglots sur la tombe de la synthèse plonge dans le froid qui rampe en bourdonnant le long des murs ; c'est alors qu'il vit les malédictions maudire des visages de craie ; et, au bords des tombes, rouler le cœur dans son corbillard de voyage recuit d’imprévu ; au milieu de l’écran la corde statistique pend des branches de cristaux liquide pulsées de l'arbre aux milliards de vies.

 

 

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Géologie et tremblement

Gordon Cheung

 

Dans un champs de calcaire herbeux, face a elle-même, Molly noue ses cheveux qu'elle dédouble ; la vieille complainte d'ombre chinoise dynamise le socle en formation ; au cours de la tresse, nuit et jours cours dans ses mains ; elle ne dispose d'aucune source pour étancher sa rime et boit ce qu'elle échoppe et recycle en vertige toujours plus grand ; l'anxiété de l'amour, lui oppose tous les stratagème toutes les objections possible ; et cependant elle ne cesse de vouloir embrasser toutes les faces de la question qui seul donne a la paix intérieure son relief de résidu irréductible de l'imbrication; Molly touche la joue de l'histoire, glisse un baiser entre les lames du double plafond, souffle sur les bornes la perspective ou elle se tient ; tout lui échappe, elle n'a de maîtrise sur rien quand elle se sent porté par ce qu'elle ne peut contraindre ; elle pense a Pix bien sur, a la fois collapsé dans son abîme de mots mâchés, ruminés , malaxés en un sac de distorsion, qui brille limpide dans le vase d'expansion de ses billes azimutées a la souche oculaire de l'invisible tresse, qui la rattache au ciel de l’irréflexion ou le doute par lequel chacun a commencé, est comme s'il n'avait jamais été; ça serait cela pour elle, la réalité vraie, l'effet de verre de l'être soufflé par le néant, un imposant bâtiment de pierre et de serpents, un édifice d’étrange complexion moléculaire ou les tours de gré qui soutiennent la parois de verre sont aussi, vu, a travers elle, comme étant, les incompréhensibles composant opaque des ténèbres d’où fut tiré le vers luisant ; sous 8 Ω la matière d'une voie passer a la loupe ; la microscopiques flore des malentendus, tapisse l'intestin oculaire, de la beauté que la paille agite pour déformer tous les malentendus ; a moins, pense t-elle, que la vérité ne se pense, que le crash de la langue, ne renaisse de l’histoire de sa première secousse, continuée, au-delà du premier mur, plusieurs fois meurtri et recomposé en aura sur fond de silence ; Molly scrutait son visage enfouie dans l'invisibilité ; elle ferma les yeux et du fond de son cœur elle sentie en esprit renaître l'amour, la plénitude et la joie de tous les hommes.

 

 

Mens agitat molem

 

Denis Forkas Kostromitin

 

 

Molly se sentait mieux au contact des fous dont l'aura élargissait selon elle, la pression des cartels médiatiques intégrés au stéréotype anthropomorphe; aussi, souriait-elle en ouvrant la portière de son unité de fissure agrée garée parmi les nouveaux modèles de concept autoroutier ; elle souriait encore en vrillant la clef dans le contact mystérieux des matières et des substances qui assuraient son transport par réaction chimique convertie mathématiquement, en énergie mécanique modulable; elle quitta la plage et s’enfonça dans les feuillures inférieures de la mentalité citadine ou sur les pages de pierre et de brique scintillait la musique rare des graffitis comme autant de surgeons végétal nés de leur réduction incompressible a l'oubli; leurs perspectives forçaient le regard et l'attention a s’extraire hors l’écho noyé; en plein trafic elle nageait dans des effluves de pétrole qui l’accompagnèrent jusqu'à la barrière simultanément rouge et blanche ; et en éteignant l'auto-radio, elle s'angoissa de devoir parler a une machine ; au hardware elle commanda de lever le bras, et il lui sembla qu'elle franchissait une frontière, qu'elle quittait le sang de la terre illuminée et connue, pour pénétrer dans un monde complètement surréaliste ; son cœur attaché aux branches des arbres bien connus, paniqué, accéléra, trembla au souvenir élastique des tilleuls et des frênes dont la disparition, la frustration, travaillaient a en rétablir l'espoir ; autant dire le sens ; disparus, oubliés, enfouis dans les derniers schèmes abstraits de la mémoire, ils n’étaient pas morts, ni pour autant, dénués de sens; ils dormaient seulement, au fond de ses sens, fondus au squelette abstrait du pivot sur lequel l’âme se retourne ; dans la formation de son espoir, la dimension entière de la perte, l’expérience du vide paradoxal se condensa dans le souvenir nostalgique de la lenteur processionnaire des escargots qui font le tour de l’âme sur un bout de laitue ; le temps redonné au temps, définissait pour elle la condition paysanne de celui dont le cours de l'observation a la lenteur du blé qui germe ; ici la lenteur, loin d’être la condition spirituelle de la sensibilité, n’était considéré que comme une tare, un signe de stupidité d'esprit ; mais toute la profusion du monde des affaires n’était pour elle que le signe d'un manque de prolixité intérieure, le signe d'une légèreté d’âme qui serait certainement jugé sévèrement a la fin des temps. La renaissance d'une langue est l’événement individuel de la réalité politique que la promiscuité dans Babel tue par la violence ou relance comme projet; les grèves et les émeutes, les manifestations de désespoir qui brisent la société et ouvre les vannes de la violence sans nom, les meurtres et les crimes de toutes sortes qui minent la cité, l'augmentation substantielle du chaos, sont des réalités politique d'une langue partagée, morcelée contre son intérêt supérieur et la renaissance de l'esprit qui accompagne ce renouveau de la langue se manifeste alors dans le génie d'une nation, une étincelle qui s'enflamme dans les heurts des catégories sociales qui sont autant de catégories d'une intelligence du malentendu qui insinue ses failles dans toute l'unité du corps social au moment ou en se mettant en mouvement, en ordre de penser, il mue, se trouble de quitter son ancien état délabré et s'effraie de la distance et du vide qui le sépare de son inconscience et le relit a l'autre rive de lui-même ou la communauté des individus reflète exactement la conscience nouvelle du projet qu’elle se propose librement. Les signes pour elle étaient nouveau, mais leur signification restait inchangée, gravée dans son âme comme la litière du repos loin des lois mécaniques de la causalité ; loin du travail de la grâce qui apaise et console, là ou règne en maîtres incontestés les masques et les voiles, plus ou moins épais, plus ou moins opaque que tout âme cherche a percer pour retrouver le sang du mystère qui circule dans toutes les branches des rues ; loin des rives inconcevables de l’étendue naissant de l'esprit, décontenancée, elle s'appuie un instant contre une lampée de briques a la langue aussi rouge que celle de ses enfants ; il aurait été tout naturel, quoiqu'incomprehensible, au commun des mortels, qu'elle défaille et tombe inanimée en ce beau jour de printemps en plein milieu de la ruée sur la place des facultés, ou l'on ne percevait du ciel que le bleu éteins d'une venue inattendue, le bleue délavé d'un visiteur inespéré, un espace reclus au fond de la lucarne immobilière, si précisément, cette chute dans l'abandon ne l'avait pas soutenue, renversé aux ruades de son cœur contraint de renier ce a quoi il était indéfectiblement lié, et qu'elle ne pouvait perdre sans s’élever a une plus grande intelligence de la réalité, une langue miraculeuse des campagnes inhabitées; la flore dessinée a la bombe sur les murs parla secrètement a son cœur de cette perte de l'aimé, de la trace qu'est toute écriture quand elle suit le sillon spectral des végétations célestes et que des lettres renait la voix qui console dans la vallée fantomatique qu'il faut alors arpenter et traverser ; l'avenir indéterminé devint incolore comme il se doit, et derrière elle, dans son sillon, des gerbes d'or de toutes tailles peuplèrent de sable et de plages ensoleillées, un océan de vérité ; splendide Babylone brillait en chaos autour de rien.

 

En franchissant les portes de la ville elle pénétrait dans une tout autre langue qui ne savait rien du temps, des saisons, rien des matières et des substrats ou elle vivait, si ce n'est qu'il n'y avait en ce lieu de réalité complète de soi, que celle du narcissique instant; devant elle, deux éboueurs chinois vidaient des poubelles dans la benne de sa disponibilité parfaite ; elle découvrit derrière les tas d'ordures une page écrite de la ville, un mur de commotion ou le contact avec la réalité s’était transformé en crash conceptuel : elle lue, V. aime L. pour les laver de leur vacuité ; elle due hypothéquer son véhicule sur un emplacement rectangulaire et abstrait, et douta aussitôt de pouvoir jamais le retrouver en l'abandonnant ainsi a une si criante abstraction; mais elle n'eut pas le temps non plus de s’inquiéter davantage, car la rue bondée la submergea aussitôt d'une foule d'information compacte et dense qui ne signifiait rien résolument ; sinon que la foule était un tsunami humain d’indifférence, une vague géante de glace qui la submergea si bien qu'elle n'eut d'autre choix que de s'absenter d’elle-même, de se renoncer et de se laisser entièrement traverser par cette immense douleur éthique que la foule provoquait en refoulant toute possibilité de manifestation de soi ; et comme au confluent des fleuves, de grands remous de tricot moléculaires se heurtèrent en elle, aux mailles atmosphérique et grossières des périphériques de la cogitation commune ; des nappes de bits hypnotiques sortaient de la gueule de toutes les boutiques et criblait le pavé d'un picot quantique qui gesticulait entre les pieds des passants.

 

Une affiche. Conférence. La lancée du silence.

31, Place de la jetée, « Pierre ».

 

Les mots lui reviennent. Comme un enfant, mais inconsciemment ; elle réapprend a parler, elle réapprend en un instant a lire a travers les signes la présence invisible de ce qui se cache derrière les apparences ; en un instant elle réapprit a vivre auprès du mystère et la première chose qu'elle nomma fut ce bleue qui cerne la flamme d'un dieu qu'elle n'avait ni ne pourrait jamais concevoir ni oublier, même malgré l'effondrement de tout son alphabet ; sans lettre elle l'avait perdu et retrouvé, car la substantifique moelle de sa présence était ainsi faite qu'il était auprès d'elle quand tout signifiait son absence ; un étrange mercure ruisselait dans les caniveaux comme de l'urine de pierre stellaire tombé de mars ; présent tel qu'il avait toujours été, inconcevable par aucun être crée, et source de toute réalité ; présence donc qui s’érigeait entre l'oubli de son ignorance et l'infinie plénitude et suffisance de sa présence a tout ; présence qu'il n'est pas permis a la parole humaine de formuler ; présence effroyable de l’incompréhensible et sublime comme la plus parfaite harmonie qui concentrait les bâtiments autour d'elle, et les enfilades de rues ou toute l'histoire de l'humanité circulait aux frontons des immeubles surchargés d'enseignes ; le gris des gargouilles, écrivait le palimpseste ultime du dernier quark de la dernière dissociation, car dissocier c'est relier ; elle pensa a tautavel et aux premiers outils, aux premières écailles de roche arrachées a la terre et projetées dans les rets d'un usage dont la forme impliquait l'existence de toute une société de mœurs; quelle sublime réappropriation de l'unité de la terre que ces rites de chasse vouée, par la désarticulation de la roche, a représenter la transparence libre de la matière du monde prit dans leur rire sculpté; mais devant la barrière, comme devant les vitres coulissantes des grands magasins, c’était une autre histoire, la machinerie née de l'homme l'embrouillait, la désespérait de comprendre comment elle pouvait prendre une illusion pour quelque chose de vrai, comment le factice avait supplanté l'ontologique sinon par un renoncement premier et fondamental a la plus haute spiritualité, un renoncement de l'intelligence a elle-même vendu au spectacle inconsistant; le crapuleux mariage de la compassion envers soi-même ne pouvait pas l'aider, car ce nerf ne flottait pas dans son corps de verre a la différence des planètes et de la nature toute entière dont elle était sure, de n'être en rien l'auteur ; mais l'entravée comme une arête dans la gorge; ainsi, son esprit, tout son être, face au coït des murs a la carte bancaire, était prit de l'effroi liée a la naissance de l'intellection, liée a la possibilité de la mort et donc de parler de la logique du profit qui finirait par l'emmurer vivant; comme un gardon jeté sur la rive, son système immunitaire et sémiotique suffoqua devant cette perspective obstruée ; les mots la quitte sans signification, puis reviennent aussitôt réinventer le monde ; la séquence se répète durant un long moment ; a chaque instant elle oubli et apprend la langue, si bien qu'au bout de ce moment, il lui semble qu'oublier et espérer sont une même chose ; et qu'ainsi elle apprend a dire la transparence de son cœur au monde opaque qui le tente pour le trahir et le ravir ; les mots dans sa bouche fondent ; a quoi bon dire ; sa langue s'effondre ; elle ne fit rien pour la retenir.

 

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