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11/11/2013

sans titre

Siphyl enregistra le septième sceau sur le disque dur de l'ordinateur ; en disparaissant, la bouche de l'enfant crucifié s'agrandit du noir complet des écrans qui lui firent un choc en s'éteignant ; Siphyl se sentit happé, aspiré aussitôt par le noir, absorbé par un sentiment de pitié qui l'envahit et le submergea d'un chaos immense et sensiblement ordonné a l'effondrement de l'image au moment ou l'écran s'était "éteint", "décomposé" dans l'acceptation de sa disparition. "Mais quel être peut accepter ainsi sa disparition? c'est scandaleux une telle idée, scandaleux au possible, source de scandale, pure contradiction en soi, impensable, incompréhensible, in formulable, effroyable, ...un tel être s'il existe est une icône parfaite, un image de mon impossible reflet", se dit Siphyl.

Quel être pense qu'être ou ne pas être, est sans différence? l'être fuyant en lui-même, qui se croit plus fort que les murs ; qui?, quelle cruauté peut ioniser autour d'un tel noyau idéal? parce que forcement ce sera une cruauté barbare et inutile, qu'un être soit sans ressentir de différence absolue avec le néant, sans se scandaliser, ou sans se dire humblement qu'il n'était encore qu'un existant, un être alternativement existant ;  qui d'ordinaire a une vue d'ensemble sur sa vie, aussi belle qu'une ruine  enfoncée dans sa brume, sans cependant encore donner a ce tout composé un sens plus métaphysique, et presque surnaturel ; et l'envisager comme la grammaire générale des termes d'une rencontre avec la Parole en personne.


Siphyl fut saisit par le sentiment inhérent a la conviction que s'adresser aux hommes, même en tant qu'artiste, même a ces contemporains, urbanisé post-moderne et apparemment bien portant ,c'était s'adresser a des morts, a des chairs brûlées, a de la misère, a des écorchés vifs, a des fous, des cinglés, par un bout ou par un autre, (hormis le lieu sacré de la famille ou la folie est chevauché dans le jeu et la gaieté) , que s'adresser a eux c'était soit s'engluer dans la poisseuse mollesse d'ame , soit leur parler de leur idée fixe et de la signification qu'elle revetait lorsqu'elle se dedoublait dans le miroir ; ce qui revenait a communiquer avec l'idée unique en eux, qui les habitait , les faisaient tenir debout, rouler chaque matin leur jour nouveau, y trouver un accord avec eux-même ; et que leur en parler mélé a d'autres idées fixes mais sans le le leur dire, les laisser être surpris eux même par la profondeur de sens, la richesse de leur propre désir traduit, et enrichit d'une langue étrangère, c'était comme multiplier, diviser l'idée fixe et la redoubler dans l'idée de l'idée, en direction des étages voilés de la conscience dans les brumes de l'indicible et lui offrir un miroir ; il repensa a Shalima, se dit qu'au fond c'était tout ce qu'elle avait fait, tout ce en quoi consistait son art : ramassé le désir dans son unité, et le redoubler dans la lecture différente ou sa saveur partagé  prend le gout unique du sentiment d'être vraiment soi ; qui inclue, et porte en soi, l'indéfinissable contentement de la douceur létal et surnaturelle, d'une transformation intérieure qui ressemble a l'accueil d'une Parole en nous, a l'accomplissement du sens de l'être, a une plénitude du temps, lorsqu'on devient soi, lorsqu'on devient langue incarnée et que la tombe du mal est  ensevelit dans une narration seconde, plus large, capable d'ouvrir le temps, et de percevoir l'un, comme ce plaisir absolu du sens qui vient en nous, cette joie ineffable et indescriptible qui emporte tout, comble mont et vallée, établit le roc de la rencontre avec des mots vivant, qui font comme un évidement intérieurement du sentiment de la mort, évide tout le désespoir, comble par lui-même le sentiment voluptueux  (divin sentiment de pensée disait Aristote) de comprendre juste l'essentiel.

Depuis le temps que l'animal humain se projetait dans sa vie sous un ciel de mots qui bavaient toujours plus ou moins en lui, Siphyl eut pour la première fois de sa vie, le sentiment que sa chair même était une rencontre avec les mots qui est toute la joie.

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Point d'arrêt a la transfiguration du sentiment, mais qu'il devienne  un acte de volonté, une visée  sur la claire reconstitution de mon être selon Sa volonté ; ma volonté disparaît dans la sobriété de la sienne, géolocalisée entre désir et remord ; acte de volonté nié elle-même, conçu comme le secret d'un autre, dans la garde de Parole.

 S'était s'adresser a  des âmes brisées, parcourues de douleurs insupportables, vivant dans l'apparence contraire une misère sans fond d'autant plus désespérée qu'ils ne savaient, ni ne voulaient, ni ne croyaient, qu'ils pourraient un jour s'y voir transfigurés en lettre d'un alphabet du sens ; la moquerie de soi transfigurée en éternité ;siphyl apprit de la pitié la lecture du sens qui mène au dévoilement de la seconde conscience ; il n'avait cependant pas appris a écrire et a lire dans aucune école, le sens de l'être sinon de manière immanente, relative, (au mieux dialectique, absolument relative), sans donc avoir la moindre possibilité de prendre conscience d'une éternité, d'un absolu a venir ; si le présupposé de cette conscience est in-formulable, elle n'est dévoilée qu'en lui, et il n'apparaît que caché par l'in-formulable terreur du gouffre qui dévore l'enfant d'un cri de révélation ; du miracle a la présupposition, il n'y a qu'un pas puisque c'est la même chose.

Cette pitié lui rendit sensible le chaos qui habite la nature humaine, ce mécanisme déglingué qui ne peut faire un mouvement sans souffrir de partout ; il resta un grand moment ainsi, debout, plongé dans la nuit de son atelier, comme un phare apparemment éteins, a se laisser impressionner par tout un réseau de phares qui rampa militairement couchés sur le plafonds ; et qu'il inclut dans l'épaisseur physique du sentiment de sa disparition comme étant des sphères pleine de boudha qui roulaient ou s'éventraient sur le gris acier du plafond ; il ressentit  qu'au fond de cette pitié il refaisait une expérience universelle, quelque chose comme une expérience malheureuse des mots, une expérience malheureuse du sens orphelin de l'être ; mais le poids du sens même meurtrie ne cesse de croire, et avec lui Siphyl cessa peu a peu de désespérer du sens....et quand il en vint a l'être il compris qu'il faisait parti d'un autre.

Son échec manifeste avait disparu ; mais comme maintenant l'échec du sens faisait partie de la conscience supérieure de son contraire, il relu son existence dans le sens d'un profit issu de tout ses échecs ; il se répéta en lui-même dans une formidable seconde puissance de sa conscience (resté cachée, indécelable sans la Parole)ou rien n'était impossible a Dieu, même de rendre belle des larves couvertes d'oripeaux lépreux de contradiction s'effritant comme l'or dans les doux cheveux d'ange.

L'écran noir du cri de l'enfant habitait son oreille d'un bouillonnement semblable a la mastication de chronos mangeant ses enfants,  des bruits saccadés semblables aux coups de poings sourd des maris violent, semblable au meurtre, au son neutre, indistinct, qui supprime tout; la toile de la nuit qui bourdonnait dans ses oreilles était le point aveugle de la galaxie, la voie du mal, l'événement de l'être qui est la naissance de l'indifférence, le péché, la mort qui entre dans le monde par elle-même.

Il eut envie de boire tout le sang du malheur ; c'était comme un creux en lui formé par l'Autan, une coupe, un calice capable d'absorber toutes les larmes comme un désert assoiffé ; une autre manière de concevoir la réalité physique du sens, une autre manière de se percevoir, troué de chair, se sentant sensiblement avancer en elle-même ; le silence claironnait en lui comme a l'annonce de la venue de la Parole en personne ; il s'y préparé en épongeant la terre de tous ces drames, pour l'offrir a la rencontre.

 

Siphyl se sentie gracié par sa Parole, et Retenue en elle, comme la mémoire que dieu garde d'un être juste ; cette mémoire toujours a venir tant qu'il etait vivant, et qui est l'origine du Testament dernier.

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