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20/11/2013

sans titre

 Ils passent a cotés de lui, le frôle en se dévorant entre eux comme des chiens, puis s'écoulent par la rue en une vague de cire blanche qui n'en finit pas de se modeler ; plus loin deux hommes en volent un autre beaucoup plus faible, sous un porche et le tabasse a mort en riant ; ils semblent inquiet du peu de fortune de leur larcin, compte la monnaie, et de rage le bourre a nouveau de coup de pieds : on reconnaît un arbre a ses fruits dit le plus acharné, et toi tu n'en portes aucun, accompagne l'autre avant de le planter et de s'en retourner leur journée de labeur achevé et le sourire satisfait aux lèvres ; un homme passe entre eux, ils ne lui disent rien, parce qu'il semble froids comme l'enfer dans son long manteau noir ; il a un regard d'huissier, d'inquisiteur qui ne prête absolument aucune attention au gisant, le pousse du pieds pour atteindre l'escalier ; il a des pauvres a expulser et il fait froids ; c'est a peine si en son coeur une voix formule encore ce qu'il désire ; il espère qu'il y aura au moins un peu de chauffage chez eux et surtout des enfants a foutre sur le pavé ; il sait pas pourquoi mais ça le fait marrer les cris des mioches quand on les fourgue a l'assistance ; « c'est inexplicable l'humour pense t-il en disparaissant dans l'escalier vers les étages supérieurs...  « Ah non hein mon vieux, pas d'compassion..s'il te plaît...pas cette saloperie de misérabilisme larmoyant sur le sort soit disant tragique des pauvres humains...ils sont pauvres, laids idiots, s'en débarrasser au plus vite c'est une question d'hygiène sociale... si tu te laisses aller comme ça Maurice, tu finiras comme eux...c'est ce que tu veux, la poisse et la vermine...repends toi, les thénardiers ça se pends, dommage qu'ils pendent pas eux mêmes leurs gosses comme Jude....non mais regarde toi, tu trembles a moitié....j'ai froids c'est tout, c'est rien c'est nerveux...pense plus a cette putain de compassion artificielle, sentiment socialiste préfabriqué a la con et ce soir tu seras tranquille a l'opéra....ils peuvent pas payer c'est quand même pas ma faute...;qu'ils assument...regarde moi ça ce palier, un vrai taudis, une porcherie, vivement qu'on en finisse et qu'on rénove le centre ville. » Siphyl passa devant une grande affiche « Les Brigands » qu'on jouait a la hall au grain dans une version toute nouvelle que l'affiche affirmait : renversante. Place Wilson la circulation glissait a la surface du temps que la foule égrenait rythmiquement dans le sablier en formant des plages mouvantes qui se dispersaient aussi subitement qu'elles apparaissaient ; a de rares temps morts on entendait le chant d'un oiseaux oublié qui rendait la ville plus triste encore ; puis tout a coup les feux grésillaient, la rumeurs s'amplifiait crescendo mêlée aux moteurs en accélération ; des visages d'enfants roulaient derrière les vitres des bus comme des poissons écrasés dans un bocal, par un rouleau a patisserie rempli d'eau de tangage ; la foule arrivait alors par vagues successives et noyait subitement l'espace tout entier ; Siphyl lui échappa en se réfugiant dans un café ; commanda quelque chose de chaud et d'alcoolisé et se figea debout comme un vampire, comme un mort dans son cercueil de verre, derrière la baie vitrée du bar qui lui offrait une vision de coupe transversal a travers la pulpe d'un fruit étrange orange et grise ; les molécules vibrionnaient dans la matière informe, les façades gonflaient leurs joues aux fenêtres, des lances pourfendaient cette chaire par endroits, les toits tombaient du ciel en pendeloques de pixies ou en chapeau pointu de gnome, les murs de brique et de pierre mêlées s'enchevêtraient comme les écailles d'un animal tout droit surgit des terres incognita les plus reculées ; on aurait dit un corps démembré, les lambeaux d'une fête sans joie de l'esprit dénoué, qu'une masse formait et déformait sans jamais produire aucune scène ; l'urbain courrait parmi une noria de reflets, perdues dans une foret de miroirs, glissant comme des alpinistes sur la surface d'un glacier invisible, dévissant sans jamais parvenir par un coup de piolet qu'a se piquer mutuellement, aveuglement ; se blessaient reciproquement, et disparaissaient par grappe dans le non-espace et le non-temps ; comme si sous la surface de la ville sous l'apparence des arbres qui l'ornaient, sous la noire veine de goudron qui grondait comme un fleuve tout autour d'elle, il y avait eux quelque chose d'unique d'immense insaisissable , de fantastique comme un moteur immobile invisible dont ils n'étaient que le mouvent apparent, le carrousel manipulé dont le bruit les rendait fou parce qu'ils ne savaient pas ou situer cet atome de temps ; leurs gestes leurs images s'enchaînaient et se démultiplier les unes dans les autres, se limitaient les unes les autres , s'imitaient sans le savoir, les sacoches en cuirs changeaient de mains, les mains changeaient de coté, ; et le monstre voulait faire exploser le noyau du temps, lui arracher son secret ; comme des forcenés ils le martèlent a coup précipités et chaque corps se flou et tremble du contre coup contre l'impénétrable. A défaut d'avoir vaincu le temps ils glorifient leur images dédoublées comme si au coeur de la ville dans la suractivité, l'icône de leur âme s'était enfin ouverte alors qu'elle n'est qu'infiniment brisée.

Derrière Siphyl le patron et un habitué discutent

«  ...non mais moi je comprends ça...le secret bancaire est mieux gardé que le droit a la vie privée...moi ça ne me choque pas...attend, attend, avant de dire des conneries laisse moi en placer une s'il te plaît...je bosse, c'est mon café, sans lui je suis rien, donc ton droit a la vie privée tu te le fout au cul si je n'ai pas d'abord celui de mon petit pécule...si tu m'ôtes ce secret je suis plus rien...

  • c'est pour ça qu'ta acheté un smith et wesson...

  • putain mais oui c'est pour ça et le premier qui touche au grisbi j'le brûle, parce que ça c'est la vie privée...mon p'tit tas d'or de l'intériorité.

    Siphyl eut envie de se retourner de dire quelque chose...mais une immense lassitude le submergea, et il préféra rentrer.

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