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15/01/2014

sans titre 2

Ils furent bientôt aux pieds de la colonne de granit grise; et une fois face au monstre, Noria ne se sentie nullement désemparée, sans aucune fébrilité ou micro faille par ou la peur aurait put pénétrer son être; son oncle l'avait tellement bassiné d'histoire de montagnes plus fascinantes les unes que les autres, qu'elle se sentait gonflée a bloc, aussi solide et ferme intérieurement que le roc qu'elle allait affronter; mais les milles premiers mètres n'étaient pas encore l'hapax de l'ascension; peu a peu la pampas recouverte de crocus jaune avait cédé la place au premières briques bleue du glacier sur lequel semblait reposer en équilibre la barre rocheuse; la vraie difficulté viendrait plus tard, au moment de l'épreuve qui en l'occurrence se définissait en mètre; huit cents exactement, de parois du plus dur granit, huit cent mètres du monolithe presque aussi lisse et vertical que celui de Kubrick avant d'atteindre le sommet; avant de se lancer dans l'escalade de cet ultime pan de roche incliné a quatre-vingt dix degrés, ils bivouaquèrent au pieds du mur et firent des offrandes de bois mort au sommet selon la tradition Tehuelche; l'oncle ne cessait plus de parler de Cerro Torre des légendes et des rites qui avaient entouré ce lieux depuis des siècles, si bien que Noria comprit que s'il n'avait pas été a l'enterrement de son frère aîné c'était de toute évidence parce qu'il était amoureux; et que l'amour qu'il avait pour cet étrange lieu il lui avait transmit comme on soude a l'arc les deux pôles d'une âme rendue immortelle; et amoureuse de cette pierre, de ce lieu, de ce vent glacé qui décoiffe et peigne en permanence son bien aimé; amoureux de Mel aussi qui savait? A moins qu'il préféra, pensa Noria les mythiques déesses emprisonnées dans la pierre; ce qui somme toute cadrait bien mieux avec sa personnalité et avec l'absence de doute que voulait éprouver Noria. La nuit était tombée et l'oncle Édouard partageait un baquet de soupe lyophilisée devant la tente, quand dans l'immense scintillement du ciel entièrement dégagé, un aigle laissa tombé son cri sur les dîneurs; aussitôt Édouard leva la tête et Noria vue l'ombre du grand volatile fondre un masque de terreur sur le visage d'ordinaire si jovial et ouvert de son oncle: «  Que se passe -il? … on dirait que quelque chose t'effraie? » Mais Édouard esquiva toutes ses questions et tenta de rétablir le calme dans l'esprit de Noria qu'il ne parvint pas a convaincre tout a fait. Et en effet au matin, quand Noria se leva, elle trouva Édouard en train de plier bagage : «  Il faut rentrer! » lui dit il sans explication; « Rentrer? Mais pourquoi? Une tempête? ... » « Une tempête c'est ça ... »; « mais je comprend pas ….regarde comme il fait beau...pas un nuage l'horizon... » Noria qui inconsciemment s'était préparée plus qu'elle ne le croyait a cette ascension et qui se sentait prête, fondit subitement en larmes...  « Je t'en prie...pardonne moi...mais on peut plus y aller... » « Mais pourquoi? A cause de l'aigle cette nuit?... » « Oui a cause de l'aigle....mauvais présage... » « Eh bien rentre moi je reste...je n'ai pas fait tout ce chemin pour faire marche arrière au dernier moment! » Édouard interloqué s'arrêta net, la main plongée dans le sac a dos qu'il fourrageait; « Je suis fou de t'avoir emmené... » « ...c'est trop tard maintenant....décide toi! ..ce n'est plus toi qui me traîne comme une gamine, mais moi qui décide de grimper! je veux le faire, tu comprends, peut-être que ce moment sera la seule expérience vraiment extra-ordinaire que j'aurais eut dans ma vie l'unique chose hors du commun qui la rempliera toute entière, et si je renonce maintenant je suis sur que je le regretterais toute ma vie et ton putain d'aigle n'y pourra plus rien!... Édouard releva la tête doucement « Tu sais que maintenant que l'aigle a crié c'est plus dangereux encore que ce que j'avais prévu.... » « ...mais, ô mon oncle je t'en prie, je t'en supplie dit elle en lui serrant la main, je te le répète ce n'est plus de ta responsabilité.... » Édouard réfléchit un instant puis attira sa nièce contre lui, et de bouche a oreille lui récita comme un secret, une courte prière en langue autochtone qu'il lui demanda d'apprendre et de garder en mémoire tout au long de l'ascension; ce qu'elle promit avec joie; alors l'oncle Édouard retrouva son sourire habituel et son visage a nouveau s'illumina. Ils avaient déjà assez perdu de temps comme ça; le bivouac disparu en un quart d'heure et le guide s'attaqua aux premiers vingt mètre de la face sud-est du Cerro Torre. A environ une trentaine de mètres au-dessus du glacier ou ils avaient dormit, Édouard enfonça deux spits dans des fissures et assura la corde pour que sa nièce puisse a son tour s'élancer. Mais Noria se sentie troublée des qu'elle enfonça ses doigts dans la pierre; sa force semblait la quitter sans qu'elle puisse désormais faire marche arrière.

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