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25/09/2014

A la merci.

Son sentiment de confusion depuis son rapt, se change en mal-être qui s’accroît de manière exponentielle quand ils le poussent jusqu’à la cave sordide ou des soldats barbus l'attendent en uniforme et le fusils chargé ; il voit le piloris luire comme un pieux comme un horizon désaxé, sortant de terre, telle une tentacule infâme qui dans un instant va l'aspirer et mélanger son corps aux racines, loin de la lumière désastreuse de ce jour sans fin et détaché de tout ; son corps s'effondre sur lui-même, l'air manque a ses poumons, son sang reflue dans sa cervelle comme fondue par les couleurs fanées d'endive et de mandragore, et le grand froids de la lumière éventrée laissant percevoir ses viscères sans repères pour s'accrocher, le traverse de part en part; il a l'impression de pénétrer vivant dans la tombe, d'entrer en pleine conscience dans sa propre mort, de marcher a travers son propre vide vers l'au-delà de ce qu'il lui est humainement capable de comprendre de l’être, et de s’éloigner de tous ses repères pour se rapprocher de ce dont il garde amoureusement le souvenir vivant ; sa pensée semble bouillir une dernière fois avant de s’éteindre complètement et de flotter comme un fanon en berne de vent; chaque pas qui le rapproche de l’événement incompréhensible, lui est un supplice ; sa réflexion s'affole, se distend au-delà de toute mesure, transpose incessamment tout l’horreur de la situation a la recherche de l'explication cohérente ; mais il n'est pas allemand, et prend conscience de toute la difficulté de la transfiguration, son cœur au contraire se comprime comme un étau, il sent ses forces lui échapper, non par manque de courage mais comme si en lui sa vie se mettait a singer l’incompréhensible ; un chat dort dans son ignorance au pieds du piloris ; le plus jeune des soldats le chasse d'un coup de pieds et il disparaît ; de tout son être il voudrait échapper a la situation, devenir autre chose que lui-même, il voudrait cesser d’être avant d’être toucher, mais il ne peut renoncer au souvenir de ce qu'il a aimer ; de toute son âme il voudrait être la balle qui va le transpercer, la lèpre de ciment sur les parois de son cercueil ; de tout son être il voudrait être quelque chose de transposé, de déjà transfiguré ; d’échapper a la situation ; son esprit se cabre, quand une sorte de vizir aux lèvres pincées et a l'expression cruelle lui adresse des paroles dans une langue incompréhensible  qu'il imagine être celles du reproche que les impies adressent a ceux qui trouve extrêmement difficile l'instant de la conversion ; mais cette fois, il semble qu'en se cabrant, son esprit veuille laisser le souvenir de sa mère et de son père, le visage de ses enfants et de sa femme, envelopper le présent d'un futur irreprésentable ou le soldats qui va le tuer sera mort a tout souvenir, n'aura même jamais exister pour son âme fraîchement rené a l'idée d'un tout intègre et aimant; puis un soldat sorts du rang qui deja se forme en face de lui ; il tient a la main, la cagoule noire des condamnés qu'il lui enfile sur la tête, pendant qu'un autre lui lie les mains au bois des suppliciés ; il lui semble que la scène dure une éternité, qu'elle est l'histoire secrète de toute vie et que sa peur n'est que le dépassement réel de l’espérance sur toute chaire la coïncidence de l'esprit en vertu de l’incompréhensible posé dans le temps qui rend possible de recevoir a chaque instant les êtres en les aimants ; puis les doigts sur les gâchettes, trois dernières injonctions et le feu sans explosion ; ils ont tiré a blanc.



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