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27/08/2013

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Tombeau vide

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sans titre

Ils se faufilèrent a travers la foule jusqu'au jardin del Turia, ou ils retrouvèrent Syphil qui finissait une bière, en discutant allongé sur l'herbe sous un phoenix dattier, avec une fille dont Gil imagina qu'elle aurait put être Agnès causant d'amour avec Triton surgissant d'un flot végétal. Un feu d'artifice sans bruit coula dans la nuit le long d'une sphère invisible et creva juste au dessus de la bouche d'un ancien canon de port qui décorait le monument aux morts. Syphil présenta la fille qui paru plus vielle de près, sous le nom de Shalim. C'est alors que Gil remarqua qu'elle était d'origine asiatique. Eurasienne, vietnamienne, loassienne, impossible a dire, pas indienne, ni philipienne en tout cas, plutôt quelque chose comme une mère vietnamienne, d'une grande beauté, et un père européen qui atténuait l'étrangeté des grillons qu'elle avait dans les yeux ; Shalima avait les cheveux très noir et légèrement ondulé par d'amples et large boucles qui venaient souvent se coincer dans sa bouche quand elle parlait ; elle n'y prêtait pas attention, et semblait alors parler cheveux très concrètement selon une supposition absurde qui ne gêna pas Gil tellement il trouva qu'elle respirait l'intelligence et la simplicité de l'amour. La densité de la foule, même a travers les grilles du parc se faisait plus oppressante et la conversation, fut couverte a plusieurs reprises par des éclats de voies qui résonnaient derrières les immenses lauriers et solanum orangées qui avaient des teintes de plombs a cette heure dans les coulées de fonte du lampadaire a l'écart ; la clameur s'amplifia et passa par dessus le mur de végétation comme un baquet d'eau froide ou quelques pièces mécaniques de l'éphémère harmonie de la foule sauta en l'air comme les culasses d'un moteur sous le ressort d'une bombe au moment de l'explosion ; « Terroristes!! » gueula Nerey a travers la paroi végétale ; mais les éclats de voies s'amplifièrent, on entendait très distinctement chaque coup, entre les cris et les flash des photos souvenirs d'une panique au fond d'un bocal a souris; en un instant, l'air devint glacial ; subitement tout se figea dans le chaos ; Nerey tenta de grimper au phoenix pour voir ce qui se passait ; assurément on se battait juste derrière les portes du paradis, mais il ne put s'agripper au trop lisse tronc du palmier, et s'étala par terre les rastas et les quatre fers en l'air ; d'autres ressorts défectueux de l'harmonie tombèrent du ciel sur le gazon, en frétillant comme des injures au bord de l'asphyxie ; puis la bagarre cessa aussi subitement qu'elle s'était déclarée, et Gil en conclut que la vanité des ego en lutte ne devait pas être bien grande pour avoir durée aussi peu de temps ; a quoi Shalima ajouta que les crocs plein de venin blancs de la rixe n'avait fort heureusement put entamer la bonne humeur de leur petit groupe et qu'au fond, entre morts, tout leur passaient a travers. Mais la clameur de la foule mis un certain temps a digérer ce spasme et la rumeur la parcourue et l'agita encore un moment comme un frisson d'angoisse dans un banc de hareng ; Nerey suggéra qu'on change d'air, mais Syphil insista pour rester au parc, parce qu'il était bien là.



La conversation repris la ou elle s'était interrompu quand Gil et Nerey étaient arrivés, Shalima leur dit qu'elle avait trouvé un endroit sympa pour la casquette ; qu'il y avait tout ce qu'il fallait, pour dessiner ; une petite place, peu fréquenté par la police et suffisamment de passage pour ne pas perdre la journée ; elle sortit de son sac de laine noire un cahier pas plus grand qu'une carte postale mais beaucoup plus épais ; l'ouvrit et le passa a Syphil....qui tourna quelques pages plastifiée sans rien dire, mais de plus en plus sérieux et concentrée, jusqu'à ce qu'il tende le livre aux deux acolytes, en s'exclamant que c'était sublime, une vraie tuerie.



La nuit se passa a discuter barbouille, a rire et a boire, jusqu'à ce que la fatigue emporte le petit groupe dans son sommeil. Ils se réveillèrent sous une chaleur écrasante. La gorge sèche, et recouvert de sable. Ils mirent plus d'une heure a rejoindre la place Solennada ou Shalima travaillait et quêtait. Les images aux fusain sec sur le sol pavé étaient simplement prodigieuses ; Shalima sans s'en rendre compte, disait-elle, avait peint sur la place l'ensemble hyperréaliste des reflets qu'auraient fait les bâtiments s'ils avaient été bâtit autour d'un lac ou si leur hauteur s'était subitement dédoublée, révélée et défroissée au-delà de la terre si bien qu'on croyait voir leur racine spirituelle ; mais au final, plus personne ne passait par cette place, elle semblait condamnée, abandonnée en pleine nature, ou plutôt comme surgit d'une catastrophe non-identifiable directement, une manifestation de l'esprit du lieu, créé par on ne sait quoi, surgit dont ne sait ou, mais tellement envoûtant que les gens s'arrêtaient bouche bée, surpris, croyant a une inondation d'un sous bois en plein centre ville; certains se penchaient, croyant se voir dans les reflets, puis regardaient en l'air, semblaient chercher quelque supercherie, tour de passe passe, quelque vidéo projecteur masqué, d'autres, moins incrédules se baissaient et tâtaient le sol délicatement comme s'ils avaient effleuré l'eau d'un bénitier ; rare étaient ceux qui osaient s'aventurer dans le motif et marcher directement sur le dessin ; au premier abord le dessin ressemblait a un lac ou a un miroir, mais Shalima qui avait appris la peinture dans un monastère afghan alors que ses parents y étaient en exil comme réfugier politique, n'avait en réalité pas peint un seul tableau, mais beaucoup, selon une technique secrète qui imbriquait les images les unes dans les autres jusqu'a mettre le spectateur en demeure de ne plus rien voir d'autre que la vraie dimension infinie de la lumière réelle ou se refléter sa vie c'est a dire son âme. Beaucoup cependant rebroussaient chemin, convaincu d'avoir assisté a un accident sur le réseau d'eau de la ville, rupture de canalisation, dont l'explication était suffisante pour leur fruit encore vert, et dont il semblait que le bouillon grossissait a vue d'oeil par une sorte d'écume figurée par un muret de pierre mal équarrie et plutôt blanche ; mais l'art de Shalima ne consistait pas seulement a refouler le publique en laissant croire a une catastrophe, mais a donner ensuite, aux seuls vrais spectateurs de son oeuvre, le sens profond qui s'en dégageait et qui rendait leur pensée aussi présente que leur chair.