L'impertinence

Tarot : source

Wagon 8

 

Wagon 8. « Qui a jamais entendu vraiment un être dire je t'aime ; voilà certainement ce a quoi, pensent tous ces gens, dans le Matabiau- Montauban-Paris-Marseille-poêle-a-pôle ; charbon dos nue d'ombre coure après s'entendre dire, de qui il aime, qu'il est diamant ; mais le jeune homme n'écoutait pas, le jeune homme roux demandait a sa voisine si elle avait déjà surpris des poissons volants s'embrassant sous la mer? Elle lui répond que tout ce confis dans le même wagon de confiture, ne peut pas mesurer la surface de l'amour dans le temps ; c'est bien trop grand ajoute t-elle, ça fait des vagues sur lesquelles on peut glisser. Ce serait  miracle même, si au hasard du hasard, une même nécessité rattachait deux convoies d'acier ; l'amour liquiderait les contraintes physiques de la pièce,  sans que la mécanique ne casse ou que le trajet soit écourté d'un cheveux, long juste assez pour que la graisse mécanique délivre l'impression de rouler de son axe.

A l'entrée des galeries Lafayette, le tourniquet ne désemplissait pas, les aiguilles folles de la limaille s'enfonçaient comme un foret dans la résistance du réel ; qui persistait a résister, là était l'ironie, a tous nos assauts ; les forcenés du joyau tournant autour du noyau du temps, ne prenaient pas le temps de planer ; comment dés lors, chacun, dans la foule, aurait il put apprendre a voler, a faire face a l'irrémédiable? Siphyl lança le lasso ; interrompit un instant l'illusion de la résistance du réel ; on n'entendit plus une voix ; les pieds craquaient dans les bottines, de cuir souple, roulaient sur le grain de sable ; c'est le temps qui se brise qui s'interrompt, un instant seulement, un instant de grâce d'une différence qualitative telle, qu'il fait fondre la foule ; Siphyl en avait perdu tout ses repères pour se guider, et au lieu de tourner autour des piloris dans l'arenne, il se mit a tourner autour de lui, et la foule fit de même . La rue n'était plus qu'une éponge qui absorbait la quinquaille verroterie des vitrines, en léchait toute la lumière subjective, avec le goût du  sublime, dans la bouche et la substance d'orientation qui effaçait toutes les traces humaines, reculait dans la geôle ou se dessillait une fenêtre du corps plus grande que les yeux jetés sur l'île ou chacun n'était que soi, joyeusement rien, tout intériorisé, détaché de tout comme prêt pour un envoie, les amarres rompues il restait soi.

Deux ouvriers du blues traversent la rue en emportant un pare brise ; ils le tiennent haut en levant les bras, comme une lentille de contact a peine sortie du bain ; une main sur les yeux, la jeune mére tend une glace a sa fille ; elle est de la même matière que la lentille de contact ; et d'autres lunettes encore, deux moines a la tonsure d'eau sur les yeux ; l'ile qui était sans dimension, depuis que Siphyl avait arreté le temps ne dura pas plus d'un instant ; mais c'etait suffisant pour que certain voit en lui, ce dont il voulait et devait temoigner ; il voulait lui-meme surprendre  cette grâce dans le monde au solstice d'effacement ; Siphyl avait un absolu besoin de ces instants magiques ou la grâce circule entre les hommes ; c'est toujours un secret au milieu de la foule, quelque chose qu'on garde pour soi, et qui fait qu'on respire ; et alors, peut-être qu'on en profite pour couper court au temps, marquer d'un nouveau trait le devoilement de son destin en se risquant a voyager, a prendre le train, rejoindre ce qui manque si on a encore la force de soulever les trente cinq milles traverses ou repose la table des roues ; compter les arbres et se demander comment toute cette carrosserie inerte va se transformer en chair? Je n'en ai aucune idée. C'est la surprise de l'amour, l'être qui repond a l'étonnement de la souffrance mysterieuse, qui vient effacer la douloureuse origine de la lumière, je lui confie ma vie parce que toute destinée s'écrit au nom de Lui.