07/11/2013
sans titre
Parfois, quand la terre est trop lourde sous nos pieds, et que le poids de la vie devient écrasant, il arrive qu'on s'éloigne, et que retiré des couches de cendre, le feu reprenne vie ; on jette alors une pierre au loin, dédaigneusement, on la suit des yeux comme on suit un rêve, presque sans y penser, c'est elle qui vous entraîne a travers l'air déchiré, jusqu'au point de chute, ou elle disparaît fiché dans la sphère subtile qui en retient l'apparence, et qui s'était empierré ; le caillou amovible a suffit pour ébranler le mur ; aussitôt qu'il bouge on frémit, mais malheureusement on oubli ou il est tombé, en quel ombre il s'est fondu de gris sur le tapis, et parce qu'il a disparu en même temps que l'oppression des souffrances, on ne s'attend plus a voir le mur s'écrouler tout entier ; car même au coeur des plus violents ouragans il y a toujours un moment de répits, un moment clef ou une pierre d'achoppement ; et c'est alors qu'incompréhensiblement, le ciel se déchaîne, et qu'on risque de tomber, emporté sous cette pluie de roche qui lapide tout. On risque de tomber a nouveau dans ce qui est sans remède, perdu d'avance, si on n'a pas pris le temps, un clin d'oeil suffit, pour voir ce que les souffrances voulaient nous montrer : une kénose cachée derrière un monde. Mais les pluies de roches sont rares par génération, elles n'atteignent souvent que quelques êtres épris de magie, ceux qui bénissent la souffrance, et son trésor de mots exclus perdus d'eux-même dans l'apparence des gouffres.
Nerey comme tout homme avait très tôt opté pour le renoncement a son être vrai et avait précocement consentie, avec une absolue ferveur, aux règles de la vie normée. Sans rien conceptualiser vraiment, il comprenait que devenir l'un d'entre eux, c'était exister pleinement ; qu'en dehors de la société il n'y avait a ses yeux, ni salut, ni réalité. Enfant, le monde des adultes ne l'angoissait nullement ; il n'était pas un enfant joueur mais inquiet ; et en outre, mais cela il ne se l'avouait qu'a moitié, il sentait bien que par « exister vraiment », il entendait aussi, "passer outre l'étrangeté de la vie" qui l'angoissait tellement ; il n'avait (lui semblait il) nul désir de se jeter dans ce lit d'angoisse comme peuvent le faire les artistes dont le mode de vie, border line et bohème lui inspirait une simple curiosité complice, mais ne l'attirait pas vraiment ; son désir allait ailleurs, vers une terre carrée, bien définie, un monde clair conceptuellement, sous-tendu par une nature pleine de loi intangibles, qui chassaient le chaos et avait toute sa préférence ; au fond il ne croyait pas vraiment qu'il y eut beaucoup de mystère dans l'existence, c'est pour cela qu'il voulait vivre, au-dela des troubles, dans un monde immédiatement cohérent, ou tout serait parfaitement réglé, si bien qu'il devenait plus absurde encore au fond d'être existant ; mais cette derniere interrogation ne le troubla que fort tardivement, lorsqu'il fut deja vbien avancé sur le chemin de la vie, car une chose en particulier lui était absolument hermétique : les paradoxes en règle générale, et notamment celui de l'amour et du désir qui veut qu'avant d'en venir au réel, le désir doit en passer par une sorte de crise, une sorte de mort dont il ne comprenait pas l'utilité puisqu'il avait le monde désiré immédiatement sous les yeux. En être, ou y être c'était tout le sens de la vie ; et son immanentisme semblait le garantir contre les chausses trappes de l'existence ; pour lui, un sdf, un chômeur, ce qu'il appelait dans son vocabulaire conservateur, un raté était essentiellement un être qui avait suivit les voies de l'irréalité, de l'alcool, de la drogue, d'une passion quelconque qui l'avait débouté hors de la réalité en métamorphosé en croûte de misère ; et cela l'effrayait terriblement, non pas tant parce qu'il ne se sentait pas le courage d'affronter les avanies inhérentes a la vie, mais a cause d'un argument bien plus décisif a ces yeux qu'était le jugement d'autrui ; inspirer le pitié et plus généralement induire a cause de sa personne des jugements dépréciant lui était une idée insupportable ; assurément il n'aurait pu traverser le ville en portant un plat de lentille par les rues ; il concevait la plénitude du temps comme un bonheur fait de la matière des jugements qu'il inspirait aux autres ; il n'avait pas le goût aristocratique d'être déplaisant ; il se voulait, il ne voulait être lui-même, qu'en étant hors d'atteinte de tout reproche, conforme en tout au moule réfractaire social, et seule la sécurité sociale, l'entre reconnaissance de sa réalité par ses pairs lui semblait être l'unique et exclusive aune et source de la réalité ; pour lui, la société, et son organigramme fonctionnel, possédait tout la valeur ontologique du réel et elle seule lui semblait délivrer le certificat de ce qu'il faut être pour exister, être tout simplement ; si vous lui aviez fait remarquer que sa manière de comprendre l'être en faisait quelque chose de relatif qui contredisait le caractère absolu du réel qu'il attribuait a l'être, il vous aurez tout simplement ri au nez ; et tout ce qui dépassait du moule n'était que surgeons de la forets vierge a émonder ; de sorte que l'art en général n'avait pour lui qu'un degrés de réalité inférieur ; l'herméneutique infini de la sémantique sociale lui paraissait infiniment plus digne de la réalité, parce que sans elle, disait il, sans reconnaissance sociale, il n'y a pas de bonheur ; bonheur dont il entrevoyait bien que l'art possédait les prémisses, mais que seul l'ordre structuré du monde sociale pouvait porter a son degrés réel ; de sorte que lorsqu'il devint adulte, son bonheur d'exister se complut dans le plus strict conformisme, et ressemblait a un calme sans vie, sans passion, ou plus rien ne bouger en lui ; son idée du sérieux, de ce autour de quoi tout tourne, agissait ainsi comme un critère tiré de la conclusion apriorique qu'il offrait sous des visages différents en toutes chose, qu'il n'y avait d'homme que social, et de relation que fonctionnelle ; et qu'au fond la fonction déterminait l'organe, et la vérité des êtres, c'est elle qui décidait de tout et qui était donc l'Important.Et cette certitude qui renvoyait dialectiquement face a face les liens humains structurant et leur fonction dans le social s'etait encore accrue du fait que son metier d'avocat le confrontait quotidiennement aux deboires de débordements de la passion et de l'arbitraire caché du subjectif.
Contrairement a un artiste, Nerey avait commencé sa vie, en se soulageant de toute son imagination ; sans la faculté reine, il devenait un mouton qui n'atteindrait peut-être jamais par ce moyen a autre chose qu'a une piètre ébauche de lui-même en son être vrai, ébauche dont il concevait que la société était en droit de lui fournir l'emprunte, l'ébauche (mais jusqu'où?) de son être personnel, qu'obscurement il idolâtrait, par peur de ne pas trouver sa place dans le tout de la réalité ; peur légitime s'il en est puisqu'elle n'est qu'une autre définition du désir, mais qui engoncé dans l'auto suggestion sociale dévie du réel travail dialectique qui l'habite, doit l'ecartéler, l'ouvrir a la crise pour qu'il puisse se signifier en son être-vrai comme recevant la réalité ; bien évidemment Nerey ne poussait pas aussi loin le raisonnement, sa hâte de vivre était tout aussi bien une hâte d'en finir avec l'existence et le désir ; sa personnalité ainsi a cheval entre l'intériorité et la manifestation s'était comme refermée sur une ambiguïté qui se pérennisait en un long malentendu qui parfois, après des journées de travails bien remplis fatigué, le troubler, ne sachant plus très bien s'il devait rire ou pleurer d'un échec ou d'une victoire au barreau ; et cependant jamais son être-vrai n'était autant conforme a la norme que lorsqu'il affrontait ces aridités subjectives dont il déchargeait la masse critique de perplexité en buvant des coups avec ces rares amis du palais ; mais semblable a Pilate, jamais ses troubles n'en venaient a défoncer complètement sa conscience, rien ne l'emperchait de dormir chaque nuit, surtout pas l'idée que peut-être, être et exister pouvaient avoir un autre sens, que le travail l'amitié, le sens de la justice qu'il avait développé a la faculté de droit, pouvaient eux aussi prendre d'autre couleur sémantique, peut être plus proche de l'art ; et au grand jamais l'idée lui serait venu de concevoir sa vie comme une oeuvre ; une brillante carrière lui suffisait ; en un sens, toute sa personnalité lui avait été délivré prêt a porter par la société, et il était heureux d'offrir aux regards des autres, l'apparence de l'avocat que leur regard attendaient clefs en mains ; en outre, comme cette inexistence du subjectif pouvait aussi se justifier théoriquement par le marxisme, l'activité sociale, le travail étant l'entre détermination des personnalité fondues entre elles et insondable, il ne valait pas la peine selon lui de s'éterniser dans la rêverie et encore moins prendre tout autre voie sur le chemin de l'être au sérieux. Il faisait comme tout le monde fait, il exerçait la justice.
Ce n'était pourtant pas un moindre mal que cette ambiguïté qui le trahissait presque malgré lui quelque fois quand il ne savait plus s'il devait rire ou pleurer de lui-même et de sa vie ; mais le malentendu résonnait de si loin, d'un échos tellement affaiblit, qu'il pouvait sans remord très aisément passer outre, et n'en rien conclure de décisif quand au modifications qu'il auraient peut-être du apporter a sa vie. Et cela il le ressentait pourtant de plus en plus fréquemment ; lorsqu'il préparait une défense, lorsqu'il tentait avec son client, d'instruire la justification des actes de ceux qu'ils défendaient, tentant de reconstituer le roman de leur désir pour montrer qu'ils étaient sans taches, tout au moins exempt de celle dont la justice les accusait ; ses raisonnements devenait flottant, le bien et le mal se confondait. De plus en plus il travaillait mécaniquement, sans vraiment sentir de distinction entre un délit mineur et un crime patenté, d'autant plus qu'avec l'expérience il avait appris qu'il y avait des raisons a tout, et qu'au fond même les crimes les plus gratuits peuvent se justifier ; son sens du réel en était affecté, et souvent le soir, il sortait cherchant au spectacle, au théâtre et au ciné, l'équilibre qui en lui vacillait de plus en plus, proportionnellement au contentement qu'a sa hiérarchie il procurait.
Encore étudiant, il considérait, par exemple, ses camarades de lettres classiques et autres sciences humaines, comme des individus loufoques et amusant, mais peu sérieux, qui prenaient la vie a l'envers, et qui a force de marcher de travers n'aboutiraient a rien ; a rien de concret et de définit, rien de reconnue par la société ; il n'aimait ni cette idée de passer inaperçu, ni le sentiment que cette soudaine invisibilité lui procurait ; mais au fond de lui, parce que Nerey était un être très sensible, il savait bien que l'artiste , contrairement a ce qu'il en disait publiquement, ne compliquait pas inutilement la vie ; mais il ne pouvait le dire, et il disait simplement qu'on risquait de tomber souvent quand on empreinte des chemins de traverses, les bords de champs ; étudiant, il ne se donnait jamais une peine inutile, mais savait tout parfaitement ; sans passion on le croyait sérieux parce qu'il était grave et comme assis desespérement sur les impasse existentielle qui font, a d'autres, porter la main au front, et se perdre dans des abimes de reflexions ; j'ai vu ça de suite sur son visage, le premier soir ou nous nous sommes revus sous le phoenix ; il était grave et las, quelque chose de mort était silencieusement enroulé dans sa chair et respirait avec lui ; comme une larve bleue qui aurait fait son cocon dans ses yeux cobalt ; et c'est son jugement sur les artistes, péremptoire et idiot, qui me revint avec lui ce soir la, soixante douze heures avant mon meurtre « L'artiste se complique inutilement la vie, ou la traite avec plus de dédains que je ne fais quand en tant qu'avocat je défends une cause, et que je traite des conflits de justice réelle entre des êtres vrais ; l'art, soeurette, c'est bien, mais c'est irréel c'est de l'ordre du divertissement, du plaisir sans fin, des montagnes bleues et des confins rose du paradis perdu, mais sans la reconnaissance sociale, l'art, comme tout le reste d'ailleurs, n'est qu'un exercice vain, sans fin, mais vain, une infinie réalité de l'inutile", voilà ce qu'était l'art pour lui, au mieux une occasion de rêver, de se divertir, d'échapper a la réalité ; quelque chose comme le contraire de la vie et de l'être, de contraire au sérieux sans humour qu'il affichait souvent dans ses plaidoiries ; " sinon, bien sur, ça peut toujours servir d'excuse pour avoir raté sa vie, en commençant par y dénicher une complication qui la rend impossible» ; et par « rater sa vie » il entendait tout simplement, être sans emplois, invisible, non-manifeste, hors du champs ontologique social de l'ipséité manifeste, car il pensait qu'il y avait plus qu'une commensurabilité entre le moi et la manifestation sociale ; que le premier n'était absolument rien sans la société ; c'est étrange au fond comme un bourgeois comme lui pensait malgré lui deja dans des catégories marxiste évidente ; étrange mais pas surprenant si on se rappelle que par son monde de vie bien et mal souvent finissaient par se confondre et ruiner tout champs social possible du manifeste.
Sa fierté a lui était trop sur et incertaine a la fois pour qu'en se projetant dans les conditions d'existences qu'il supposait aux poètes elle ne s'offusqua de n'être pas en conformité avec la règle ; lui l'homme de loi, il avait besoin d'une compensation physique, d'une présence matérielle de l'icone sociale, de ce dont il s'était des le commencement amputer subjectivement l'absence de vérité sur soi ; un observateur qui connaîtrait sa vie aussi bien que moi, ne pourrait le comparer a J. Sorel ; il n'avait rien d'un Rastignac ; il cherchait ostensiblement, a coup de diplôme, l'assurance d'être-vrai, d'être lui, a sa vrai place dans l'un, fondée dans le jugements de ses pairs, celui de ses amis ; mais cette place, cette carrière, parfois glissait sous ses pieds, de brefs instants, elle perdait son sens, il se demandait ce qu'il faisait, et objectivement, aussi socialement établie et déterminé qu'elle fut, elle ne pouvait le sauver de l'effroi en lui confirmant, son existence, son être-vrai entendue comme redoublement des apparences sociale qu'au fond il n'avait jamais pensé a réaliser plus profondément, plus sérieusement, au niveau de son ipséité même la ou justement les critères objectifs de l'assurance font défaut absolument ; de sorte que sa vie, comme toute vie, avait bien était une recherche, mais pas de l'absolu, mais du contingent et du relatifs lui façonnant, lui offrant sa vraie place dans le monde sans qu'il ait eut besoin de ciseler lui-même le moindre relief ; c'était pour lui toute la place et le rôle que jouait la société selon ces idées assez libérales en matière politique. Mais ce qui le sauva du gouffre social, aux yeux d'un artiste, le perdit autrement, par un crime des plus noirs une tache un renversement de son âme deja amputée, deja a moitié emporté vers la conclusion sans fin du désespoir ; sans fin subjective, amputée subjectivement au départ.
Ce qui le jeta dans la confusion? Ne vous inquiétez pas vous le verrez aussi ; vous le verrez en le voyant lui tel que le reflète encore aujourd'hui l'amour que je lui conserve ; parce qu'il a beau être un assassin, la pire salope, il reste, en moi, de lui, son portrait le plus beau, comme si son être avait été mon secret, bien plus que sa manifestation sociale ; le secret d'un autre, le plus beau en tout cas que je puisse brosser mais pas le plus grand que j'ai rencontrer dans ma vie.
Nous nous sommes connu enfants lui et moi, en un monastère afghan, ou mes parents et les siens étaient réfugiés politique, habitant provisoire d'une battisse pleine d'arcades et de buissons qui était disposée comme un cloître avec un jardin central comme on en trouve dans les anciennes haciendas ; il était pour moi un frère ; « soeur » il m'appelait...je ne puis rien dire de plus car je ne conçois pas mon meurtre, c'est comme si il n'avait jamais eut lieu, je l'attend d'ailleurs quoique je sache qu'il m'a tuer et que depuis il est indisponible finalement.
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06/11/2013
note
Si l'histoire est une relecture du devenir et le désir proprement une projection irréelle de soi dans la visée d'un sens qui n'est pas, c'est que la relecture est le redoublement en soi de la projection du désir ; car le désir n'a pas de mains pour se saisir de l'un qui fait sens pour lui, il n'a que la relecture du repentir sans laquelle la réalité du sens visé est un néant qui habite le désir et angoisse infiniment comme l'indétermination de la réalité de l'un virtuel qu'il vise ; mais si le repentir authentifie en seconde lecture le sens de la visée première du désir alors l'accord avec soi est un absolu qui « imite » l'être en soi de Dieu, et l'objet de l'amour devient un éternel présent. C'est en cela que la joie est que le chemin soit l'affliction.
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sans titre
Pour comprendre la personnalité de Nerey, le meurtrier, et ce qui l'a conduit au suicide, il nous faut remonter bien au-dela des événements auxquels nous voulons aboutir. Car sa naissance n'est pas seulement le point ou tout se ramène, mais surtout l'unique événement de la vie, d'ou l'appréhension du vrai s'est développé maladivement, comme il convient a cet être chétif ; le terme de son histoire….nous le connaissons, ce fut le poison, et en quelque sorte, cette mort survenue comme une conclusion, était deja a l'oeuvre, préparé des le commencement, préparé par l'être qui lui voulait le plus grand bien, sa mère, qui avec la meilleur intention du monde déconsidérait la puissance et le sens du poétique, en ne lui lisant des histoires, que pour l'endormir.
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