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10/09/2013

Synthése des contraires

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Trace et innocence

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09/09/2013

sans titre



Il la parcours et l'éprouve comme si elle était sa propre activité mentale ; un labyrinthe de ruelles creusées a même la mousse des forets de son propre champ sensoriel, aux branches poétiques et sans fin ; une ville sans age, les murs, blottit de lierre et de rose du désert, affolés les uns contre les autres comme une nuée d'oiseaux figées ailes contre ailes. Sous un auvent de cotes empierrées bat le sang d'une piscine naturelle, limpide comme un alcool parfaitement pur et sobre ; des marches risquées y descendent ; c'est, peut-être un ancien lavoir ou des enfants se cachent sous l'eau transparente ; une petite fille aux cheveux très long lui sourit avec une douceur qui lui fait mal, et qui sous l'onde cristalline, semble le voir mieux qu'il ne la voit par dessus son image toute fluide ; elle le reconnaît. Baltazar croit qu'elle est sous l'eau depuis plus de temps qu'il ne peux le comprendre ; un frisson le parcours, ondoie du ventre jusqu'au dernier pli de sa nuque ; on ne la dirait pas morte, mais plutôt, inséparablement unie dans la position d'une calligraphie arabe ; ses yeux ont des lueurs de fossiles marins, de crustacés de lave dans un iris de tourbe brune qui tout au fond, là ou les yeux et le coeur se pincent et se combinent dans la sustentation des images, sourdent ces bulles de fraîcheur sans lesquelles le Sonora serait aussi irrespirable qu'une planète privée d'atmosphère ; Baltazar, un instant la contemple transit, il la tient tout entière dans le creux de sa main ; le sable lui glisse des doigts et quand il ferme son poing, elle est le Djebel un Ejil qui tend son bras a travers Wadi Rum, dans la direction du fond du lavoir.

Baltazar contourne l'anémone de chairs, sans la quitter des yeux ; pénètre dans l'ombre profonde, si pure et fraîche, qu'elle se pose sur son visage et l'enrobe d'une aube invisible ; Circée s'avance jusqu'aux pierres du fond, qui pleurent de la lumière a travers une craie grasse et bleue ; il ne sent plus les acides crachats du soleil, lorsqu'il discerne, une petite corniche de pierre naturellement ourlée, pliée sur elle-même comme une encornure de pages dans un feuillet de roc ; sur l'étagère repose un livre et un monceau d'esquisses au charbon ; Baltazar se retourne ; la jeune nymphe a disparue sous un monocle de feu qui rend difficilement discernable la vasque naturelle creusée a même la roche.

Des bombes de peinture couverte de coulures sont alignées sous la proéminence rocheuse ; Baltazar feuillette rapidement le tas de croquis dont la plupart ne sont que des brouillons et des essais interrogeant des détails anatomiques du corps humain ; une esquisse sur le lot semble aboutie et retient plus particulièrement son attention ; elle représente un homme en blouse blanche dans un de ces immenses hangars stérilisés ou la science accouche de ses satellites. Baltazar reconnaît de suite l'endroit : c'est le laboratoire du microscope a balayage électronique du professeur Pierre-Henri Humeau a Nantes ; curieux il scrute mieux l'image et finit par se reconnaître ; il se souvient qu'il épluchait alors, avec son homologue français le protocole pour une étude des champs chargés négativement et que depuis plusieurs jours déjà, l'oeil rivé sur les écrans, les fascinantes images du monde invisible surgissant en relief fulgurants, lui avaient fait penser a Wadi Rum ou son doctorat sur les « les qualités immatérielles » l'avait conduit avec un collègue psycho-neurologue portugais, Gil dos Santos.