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11/09/2013

sans titre

Gil pensait qu'entre le bruit de fond archaïque de l'univers et le scintillement quantique de la lumière, l'image mouvante qui le traversait  en permanence et le dotait d'un regard, sous la forme d'un flux, avait autant de réalité discible qu'un gaz constitué de vide formant une barrière de corail ou se cachent les poissons affolés qui n'ont rien a quoi comparer la menace. Les images pariétales que des hommes avaient dessiné, il y a plus de vingt-cinq milles ans, dans des grottes en forme d'oeil, et qui entre autres les représentaient sertis de têtes solaires, constituaient pour lui, les premières manifestations de l'ordre sacré de la représentation ou se concentre l'essentiel du problème de la nature humaine et de la difficile signification indirecte du caractère divin de la subjectivité par une langue qui se dessaisit formellement d'elle-même, tombe dans les affres dialectique des doutes les plus profonds et les plus angoissants, sitôt qu'elle se représente  son propre pouvoir adamique de signification. Peindre alors un lutin avec le chapeau qui le rend invisible eut été plus facile.

Gil pouvait rester des heures, en expectative devant ces vestiges ; il en ressentait instinctivement tout le poids religieux et mystique; il les percevait comme une limite du regard posée sur l'indétermination, une frontière ou cesse l'insignifiance absolument angoissante du rien, lorsque enfin les yeux tombent sur ces images réelles.

L'initiation religieuse au langage, par cet art qui suspendait le monde et le temps, pour le redonner ensuite, subvertie, accrue d'une petite différence qualitative, presque imperceptible et insaisissable, Gil la revivait chaque fois que l'esprit des bêtes prenaient le dessus. sur son angoisse et a nouveau l'aspiré au monde des vivants. Il sentait combien, une fois confronté a ces images, la sensibilité du chasseur-ceuilleur devait être pétrit a nouveau frais. Le décalage entre le réel et l'idée, leur distinction dans l'unité, en chaque chasseur les rendrait plus libre, plus autonome et complet ; mais cette distinction passait par l'épreuve de la distorsion artistique ; Gil considérerait  ces images comme s'il avait eut affaire aux mots d'un tiers restait masqué sous elles ; comme le témoignage de la  langue du chasseur-ceuilleur ; mais peu lui importait la valeur symbolique de ces représentations en soi ; l'essentiel était pour lui que ces premiers hommes avaient été suffisamment étonné par leur propre pouvoir adamique de représentation pour qu'ils l'expriment dans des rites qui devaient être sacrés ; l'acte même de représentation était a lui seul beaucoup plus décisif que ce qui était représenté et dont le sens symbolique était certainement a jamais perdue.  Mais sous ces ruines discursives, il lui semblait encore entendre la voie des chamans préhistoriques guider le jeune voyageur dans les contrée du décalage ou la conscience par la subversion, éclot d'une qualité qui sans la distorsion reste enfouie ; Car l'étonnement devant la puissance signifiante qui se dévore elle-même, n'avait certainement pas attendu la grece antique pour se manifester. Gil avait refusé de travailler sur sa thèse a partir de simples documents photographiques qui lui auraient économisés un voyage au désert ; il voulait recopier, refaire les dessins lui-même, a main levée et au fond des antres, remonter le cours du temps et éprouver a partir des courbes de sa mine de plomb toute l'étrangeté de la silhouette du monde contemporain de ses peintures ; il dessinait comme on joue un disque sous le diamant d'une platine ; il re-éprouvait l'idiosyncrasie du monde préhistorique en rejouant la formule essentielle de leur production spirituelle. Il multiplia les croquis et a chaque fois il voyageait dans le temps ; il était là, assis au fond de la grotte a coté de l'initié préhistorique qui dans l'effroi prenait conscience de sa lutte avec l'informe subjectif que la chasse symbolisait autant que sa lutte acharnée avec la feuille blanche qu'il fallait rendre lumineuse ; il avait le sentiment d'assister a la naissance du langage dans sa confrontation avec l'absolu indéterminé ; et quand il finissait par oublier le temps, quand les bêtes représentées, respiraient et grognaient tout autour de lui, il lâchait sa mine tremblante et éprouvait le besoin de tremper ses mains dans la glaise pour en marquer les murs de son emprunte, comme s'il s'était repoussé d'un coup de talon du fond d'un lac vers la surface, rejoindre son corps dématérialisé, déposé comme un vêtement sur la rive de l'esprit.



Étrangement, ces images formaient par des hommes d'avant l'histoire le rendaient plus humain, plus doux et plus ferme. De toute évidence elles n'étaient pas un élément décoratif qu'on regarde bourgeoisement avec désintérêt, mais certainement, les moyens d'une initiation, un feu de représentations dans lequel ces hommes devaient tremper la pointe de leur esprit pour élever leurs consciences, la redoubler en elle-même. Gil pensait que sans l'art rupestre il n'y aurait pas eut de développement de la sociabilité dont l'ordre peut aussi parfois correspondre a celui de la nouvelle qualité. Quand la caverne et la grotte étaient encore pour ces groupes d'hommes le Capitole et le Panthéon, ces peintures devaient être leur république mystique, l'expression commune, la plus sacrée du groupe, son oeuvre la mieux aboutie formellement, celle qui rendait a la prise de conscience du caractère divin du pouvoir adamique de signification, son caractère sacré. Certes aucune image de crucifié ne redoublait la performance paradoxale de l'acte signifiant, mais malgré tout, la voie été tracée vers cette première formulation du paradoxe ou la subjectivité doit produire le réel qu'elle veut atteindre comme n'étant pas produit par elle mais comme, surgissant de la savane avec l'élan imprévisible d'un troupeau de buffles sacré. Méfie toi chasseur! Semblaient dire ces images, le danger est partout de se croire a l'abri dans tes propres pensées....Prend garde, que l'acte performatif de ton désir, lorsqu'il met le monde entre parenthèse, lorsqu'il vend tout pour le Bien unique et nécessaire, et parle de l'un en s'y projetant comme vers une réalité pleine de sens, ne te fasse oublier dans ta propre confiance en toi-même, ce que tu risques, chasseur, oublier le danger qui te menace....alors que confronté a ces images le danger est ailleurs, il est d'abord partout en toi, en ta lecture et entre les lignes, la ou tu l'attends le moins ; apprend d'elles, a te surprendre toi-même dans ton pouvoir signifiant, a être Adam, a te surveiller en permanence, a te connaître toi-même pour ne pas faillir durant la chasse. L'apprentissage de la langue paraissaient a Gil un chemin semblable a une danse exécutée par des artistes aux reins brisés, bien obligé de dire qu'ils ne tiennent pas d'eux-mêmes le pouvoir signifiant par lequel ils se disent signifiants.  Quelles danses, quels chants, quelles drogues quel eventration, sacrifice gestuelles se develloppaient ces initiations au mystère? Gil n'en savait absolument rien, mais il se plaisait a imaginer, les contrastes les plus fous symbolisant l'accès a la parole par le passage de l'effroi  ou la distinction absolue entre le reel et l'ideal, déchire la possibilité d'une incertitude et en fait un commandement ; peut-être qu'alors le sol était-il recouvert de cadavres d'animaux? L'air saturé de fumée de plantes ointes? Mieux que le pain et le vin par lesquels Ulysse reconnaissait a travers son errance, la présence des hommes sur des îles inconnues et sauvages, celle de ces images témoignait directement de la conscience d'un paradoxe, qui peut-être était même encore formulable a cette époque, a la manière des mouvements incompréhensibles qui agitent les maîtres zen lorsqu'ils explique a leurs disciples ce qu'est le Tao. Au fond de ces grottes, la conscience expérimentait son redoublement paradoxal, en élaborant elle-même le sens des êtres perçus pourtant désignés comme étant quelque chose de réellement autre que l'idéalité par laquelle en se les representant, elle pouvait en faire des chose a tuer qui devait pourtant bien aussi avoir le même sens ;dans la réalité mais hors de toutes representation possible ; certainement, des sortes de prêtres chasseurs devaient interdire aux catéchumènes de reculer devant ces images, les exhorter a ne pas en avoir peur, et a se laisser aller jusqu'à la simple contemplation esthétique, a la beauté comme gain, fruit du paradoxe ou il ne devaient pas non plus s'enliser, mais bientot retablir la difference entre le reel et l'ireel en remplacant l'image a son juste et simple statue ; et le combatr, aussi simple, subjectivement, etait gagné ; la plus haute et la meilleur part du groupe vivait alors en chacun  ; ceux qui découvraient pour la première fois ces images devaient se coucher a terre de terreur ou lancer contre elle ce qui leur tombaient sous la main ; et face a ce dilemme l'initiation pouvait commencer, la conscience scandalisée, s'angoissait en dilatant ses doutes, le reel se dematerialisé pour que la conscience de l'image reelle, son être vrai de reflet apparaisse ; car sur ce seuil aucune conscience ne pouvait tenir ; elle revenait alors au reel, enrichit de la connaissance d'une qualité qui ne se trouve etre reel qu'en l'homme comme capacité de croire a ses mensonges, ou si vous preferez de se prendre a ses propres productions ; et la conscience angoissée se calmait, surmontait son angoisse, passait l'épreuve, jetait les fondations, batissait a mesure qu'elle découvrait le mystére du processus interieur, jusqu' a ce que le mystère soit intériorisé et l'image discernée de la réalité ; alors l'initiation prenait fin, le chasseur avait acquis une certaine sagesse ; un certain recul acquis, rendait plus fort et plus ruser le chasseur, plus qu'aucune bêtes qu'il avait a affronter, parce qu'il les avaient vaincu en esprit et que leurs qualités spirituelles lui appartenaient tout en étant indépendantes, réintroduites dans le monde réel, après avoir subit l'épreuve dissolvante dans l'orbe du pouvoir signifiant qui se dévore lui-même, ou le chasseur en lutte ne sortait peut-être pas toujours vainqueur....a moins qu'il ne reconnaisse, et confesse intérieurement que la possibilité de faire sens était a la fois son propre pouvoir qui ne pouvait se signifier que comme étant donné par l'esprit des bêtes représentées sur les murs. Par elles il prennait conscience d'etre chasseur.  Alors le vide auquel avait mené la dévoration subjective prenait le sens d'une différence absolue, directement inoculée au coeur du désir performant dont la réalité advenue sous la motion d'une idéalité vide était désormais aiguisée comme les cinq sens du chasseur.

La persienne aux colombes

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10/09/2013

Au seuil

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