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04/02/2014

note

Il existe une psychologie des profondeurs reste a écrire une psychologie de la limite; du désir comme principe de vacuité unifiant et révélant/révélé; de la passion comme liberté contenant un noeud a l'intérieur; de la limite elle-même comme subversion et nouaison de la transparence de l'esprit, renversement du premier parcours noétique des êtres, s'inventant eux même une histoire dans le péché, par la seconde traversée a rebours du parcours sémantique entier, refaisant pas a pas le chemin inverse du péché, rejouant, comme dans les contes, la musique a l'envers pour lever le charme, et relever sous l'être inventé, l'être crée par Dieu, et ainsi devenu transparent joyeux et absous.

sans titre 7.7

A la cuisine elle assoit l'enfant sur une chaise et allume les comptines; puis elle verse du vin sur des morceaux de boeuf sanguinolent qui forment de petit veines sur le papier blanc du boucher; elle en est au point ou l'amour de l'homme qui l'a formé, unifié, révélée a elle-même dans un long et lent processus de recherche et d'accouchement de soi, est a nouveau redevenu une alternative qui la déchire; elle attrape une gousse d'ail dans un petit panier d'osier, en détache un grain, se saisit d'un couteau...puis s'arrête au moment de couper.... comme si elle faisait face a une possibilité nouvelle, devant laquelle elle a tout oublier.....l'ordre des deux coupes lui revient après un extraordinaire effort de pensée....le moindre geste lui pèse comme si elle devait tout recommencer, tout réapprendre depuis l'insignifiance qui la tient perplexe jusqu'à la femme partagée qu'elle est devenue et pour laquelle toute continuité est biffée d'un trait; des éclats blanc de chair tombe par terre, elle les ramasse en se disant qu'elle n'a plus un lieu ou reposer sa tête; elle n'est triste ni gaie, car tout en elle se contrebalance; la tête lui tourne, l'amour qui justifie tout en soi, l'amour qui justifie l'existence de son amant, perd toute saveur absolu quand elle le ramène a l'autre homme de sa vie qu'elle ne veut se résoudre non plus a oublier; elle se ment un peu, se dit que les deux histoires misent bout a bout formeront bon gré mal gré, un joli conte de fée pour petite fille; mais tout au fond elle n'y croit pas, elle sait qu'elle ne peut être qu'entière ; elle a mal au ventre, et même plus bas que le ventre, mais la douleur est d'une nuance inconnue qui la déconcerte, ce n'est pas une douleur physique, mais un concentré d'abstraction que ne filtre plus son corps, une tumeur idéale qui lui fait mal au sexe; elle se sent comme castrée émondée de tout rapport sensible; en tranchant les légumes elle effleure la pointe de ses doigts, son esprit fonctionne en roue libre, la pensée l'épuise, elle est incapable de réfléchir pour ramasser tous les morceaux de sa vie et en faire un livre qu'elle lirait d'une seule traite sans contradiction; son cerveau est traversé par les jugements les plus contradictoires sans qu'elle puisse arrêter sa pensée, définir un point de vue, elle ballotte comme une bouée sur la mer, elle n'a plus aucune forme intellectuelle, aucune certitude sur laquelle fixer une interprétation de sa vie, ses jambes flagellent, elles tremblent sous la montée d'une pure angoisse qui la laisse suspendue entre les deux lobes de son cerveau brûlant; il faut qu'elle s'assoit; elle se serre un verre de vin, les yeux ni sec ni larmoyant, mais perdus dans le vague tournant autour de l'enfant qui feuillette les pages d'un livre en se racontant une histoire qu'il ne sait pas encore lire; elle a mal a la mémoire, elle voudrait pouvoir écrire l'histoire d'un avant et d'un après absolu qui permette au ressouvenir de situer, d'enchaîner le dédoublement de sa passion dans la continuité des deux histoires qu'elle veut identiques et différentes; et elle se rend compte que c'est impossible, que le ressouvenir éternelle de sa vie met tout a plat et qu'introduire une différence absolue au sein même de l'amour, consiste précisément a tuer la possibilité du ressouvenir, parce qu'il ne concerne que l'éternel présent d'un même rapport aux êtres singuliers et qu'il ne sait rien des déterminations du temps hormis celle de sa toute première apparition décisive; et c'est ce qui la trouble, l'entaille jusqu'au sang, la castre car ce dédoublement de son unique passion rend le ressouvenir éternel impossible et terrifiant; l'enfant lui est plus innocent, il continu de jouer en rêvant de son rêve, il n'a pas engager encore, comme elle, ses pas dans la coagulation de ses penchants qui forment la personnalité; il n'est pas indécis, il vit dans l'avant de toute décision; il flotte entre les éléments de sa personnalité perçue en rêve; elle se ressert un verre de Bourgeuil, et la décomposition de sa pensée pousse alors sa réflexion a faire des hypothèses, qui sondent l'abîme d'insignifiance et d'indétermination qu'elle a entre ouvert; qui est le père des enfants? Comment pourra t-elle en convaincre qui que se soit? Il lui semble que le langage la quitte, qu'elle va sombrer dans l'autisme, et qu'elle perd la raison. Que reste t-ils des coordonnées de l'espace temps quand les intentions se mélangent? Elle ne peut même plus parler intérieurement, sa pensée est comme éteinte, elle tombe en dehors du verbe dans les ténèbres extérieures; sa vie lui semble un texte dont les mots n'ont plus de sens; elle sent qu'elle va devenir folle quand elle comprend qu'elle a ouvert un seuil inconnue de la réalité, une brèche ou les événements contradictoires lui interdisent désormais toute certitude; l'angoisse monte d'un cran elle ne perçoit déjà plus la cuisine si familière, mais seulement des murs de briques et des poutres de bois qui la perce comme des flèches.

Son être n'appartient plus au langage, son existence n'appartient plus a la conscience éternelle et a sa limpide transparence, et au moment ou elle est convaincu d'être devenu ce qu'elle ne peut plus se dire clairement, elle éclate de rire; d'un rire sans joie et sans gaieté, d'un rire forcé comme une expulsion d'un cadavre après une fausse couche; quelque chose de noir monte en elle, quelque chose de plus noir que l'angoisse, plus noir que la nuit, quelque chose qui se soulève de la boite de Pandore quand les verrous et les noeuds propre a la transparence douloureuse ont cédés; elle ne peut plus que se moquer de tout, tout railler; c'est comme une force qui la submerge cours-circuite un instant la douleur en s'enfonçant dans un mal encore plus grand; elle sent qu'elle va devenir méchante, mauvaise, que c'est une question de survit puisqu'elle n'a plus d'avenir, puisqu'elle ne peut plus se projeter en rien d'autre qu'une totale absence de justification; maintenant, elle rit comme une furie qui aurait chamboulé tous les berceaux d'une nursery; « la vie est une folie, les hommes sont des sots » ; elle pourrait devenir une Mata-Hari extraordinaire de duplicité et de manipulation; mais lui reste t-il un autre choix? la descendance des fous est aussi une folie; elle rit de plus belle en pensant a la belle moquerie, au pieds de nez a toute cette création absurde; sa pensée et sa réflexion retrouvent un instant une étrange lucidité; puis tout a coup, elle s'arrête, elle aperçoit l'enfant que son rire moqueur a transit de peur, et comprend que ce qui remonte du plus profond d'elle-même, ce n'est pas l'absolu de joie, ni les prémisses de la félicité, mais les premiers accent du désespoir sans fin des damnés qui s'échappent par la fenêtre brisée de son âme depuis l'Hadés profond de la région des démons ou elle est tombée.

03/02/2014

sans titre 7.6 (en cours)

Elle se coiffe devant la glace, pendant que le plus petit de ses enfants gribouille sur le carrelage de la salle bain, et toute les cinq minutes recommence sur une autre feuille le même dessin qu'aussitôt achevé il tend a sa mère en lui disant que c'est elle qu'il a dessiné; elle se retourne, s'exclame avec affectation que le portrait est magnifique , très ressemblant et dépose le papier sur un petit tas de feuilles ou s'accumule les dessins précédant qui la concerne; puis se retourne et dans la glace continu a se coiffer, en écoutant l'Orphée de Glück qui la pince au coeur, la conseille et lui parle dans la même musique que son coeur, d'un astre étincelant disparu au fond d'un gouffre éteint; le grain des voies la comble d'un indicible baume de douceur surgit du plus lourd poids de sa peine; elle se coiffe lentement, a un rythme presque baroque, en se laissant imprégner des vers de l'auteur qui remontent a la surface de la faille et transforment sa douleur en une mer calme annonciatrice de joie qu'elle discerne a peine et s'en effraie; elle se sent déchirée par une passion indomptée que la musique apaise; elle a l'impression d'être au fond de la mort, de coiffer ses boucles de henné dans les reflets de son oeil éternellement impavide et morne; elle est l'unique habitante d'une vallée de larme ; elle se reflète dans l'immuable, bouge sans raison, dans le silence éternel du trèpas ou tout apparaît; tout jusqu'au moindre détails, de ce qui bouge ou a bougé en elle ses derniers temps, jusqu'au déchirement final de la passion parvenue a son terme, parvenue aux limites d'elle-même, elle cesse un instant de se coiuffer, se regarde, et finallement se voit comme elle doit se voir, dans la transparence de la mort ou l'on ne descend pas sans souffrances; et elle semble ne plus chercher ailleurs l'image d'elle-même; elle se coiffe, comme on attend, comme un poète réfléchit dans sa cage au dernier etage d'un immeuble; elle se blanchit de chaux pour mieux faire saillir cette part de lumière qu'elle est et dont elle ne sait maintenant plus que faire; ses gestes son lent, a nouveau l'enfant lui tend un dessin; elle le prend comme si elle était un monstre surgit de la mer sur laquelle flotte le motif d'un bateau; elle s'émeut en le voyant; « il perçoit déjà tant de couleur! »; elle se sent vieille, s'effraie de perdre l'image de sa splendeur, celle qu'elle perçoit imparfaitement dans les retouche de maquillage qui et qui la cerne pourtant, en se coiffant comme une morte quand plus rien dans le miroir ne l'attire et que sa passion s'est éteinte pour mieux laisser rayonner cette joie lumineuse qu'elle croit lui manquer parce qu'elle voudrait percevoir autre chose qu'elle même comme realité;  un peu plus fort elle serre la brosse comme pour se raccrocher a quelque chose qui serait exempt de nullité face a ce vide ou elle se penche pour mieux se voir, mieux s'approcher d'elle-meme, en reduisant la distance a rien; « ne laisse pas la mort te submerger ! » se dit elle.

 

Mais sait elle que la joie est invisible? C'est gluck qui le lui apprend en chantant, dans une langue beaucoup moins imparfaite que la langue vulgaire, que la matière de ce qu'elle cherche est deja en elle eternellement et qu'elle n'a plus l'occasion de la faire paraitre autrement qu'en affrontant enfin sa propre mort réellement; elle le sent comme quelque chose qui vit absurdement au coeur meme de la mort,  et en le vivant le comprend intuitivement; elle comprend que la mort est la face cachée de l'invisible joie; et que son image est la face visible de l'éternelle joie qu'elle perçoit dans le néant miroitant.

Elle se sent forte et faible a la fois, triste et gaie comme une lune aux phases déréglées, une girouette devenue folle et qui perd du sang. Et quand elle veut penser a celui pour lequel elle vie, deux visages lui apparaissent si lointain, si distant, qu'en se sentant si déchirée, tellement inaccessible et belle, elle a envie de crier au miroir qu'il se brise; elle ramasse les feutres qui traînent tout autour d'elle en formant des segments de cercle vaudou, soulève l'enfant, l'emporte et éteint la lumière en sortant.