01/04/2017
Des problémes logiques liés au paradoxal desir de sens
Une sorte de scepticisme s'impose donc globalement, voire, comme pour Nietzsche, un grand doute sur la possibilité d'une pensée systématique : "Quel monde métaphysique il doit y avoir, il est impossible de le prévoir." [6] Dès lors, pour celui qui veut créer d'une manière authentique, en l'absence de la connaissance de tous les mécanismes de la Nature naturée ainsi que de celle des relais possibles entre la matière et l'esprit, les œuvres de sa pensée ne devraient être qu'hésitantes, et, à chaque instant, différemment reprises ou continuées à partir d'authentiques exigences singulières, même très humaines pour M. Conche par exemple : "Dans l'homme, la Nature devient esprit, car la Nature s'ignore, mais l'homme se sait. Mais, puisque la Nature est autocréatrice, l'homme est le plus naturel des êtres, du moins le plus conforme à l'essence de la Nature, pour autant qu'il se fait autocréateur, c'est-à-dire commençant à partir de lui-même." [7]
Dans cette interprétation de M. Conche que je tiens pour vraie, la Nature ne programmerait donc pas "à l'avance (toutes) ses créations", [8] sans doute parce que la formation matérielle de la diversité des mondes l'exige. Dès lors, si la Nature n'anticipe pas tout, elle "crée en poète, c'est-à-dire en aveugle". [9] Ensuite, l'obscurité des sensations et les clartés de la raison pourront sans doute s'associer en chacun pour fonder des interprétations métaphysiques qui feront prévaloir l'infinité de la Nature naturante sur les jeux incessants de la vie avec la mort, tout en sachant que "l'homme philosophe est l'homme créatif, qui existe à partir de lui-même (…) qui place sa confiance en nul autre que lui-même pour gagner en hauteur selon la norme et l'idéal qu'il porte en lui."
http://www.eris-perrin.net/2017/04/philosophie-metaphysique-et-folie-du-saut-de-la-pensee-vers-l-infini.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail
17:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
Des dommages infligés au pouvoir adamique de la représentation
Reporterre — Que s’est-il passé l’an dernier à Nuit debout ?
Frédéric Lordon — Une irruption. L’autre nom de cette irruption, c’est la dé-confiscation. Des gens ont pris l’espace public, qui est le lieu même de la politique — n’en déplaise à Mme Hidalgo, qui avait qualifié Nuit debout de « privatisation » de la place de la République (faut-il s’être définitivement perdue pour proférer des énormités pareilles…) Des gens, donc, ont pris l’espace public pour dire qu’il était leur, comme est leur la politique dont cet espace est le lieu. Les affaires publiques sont nos affaires, voilà ce qui a été dit à Nuit debout, énoncé en fait élémentaire, trivial même, mais dont l’évidence est systématiquement recouverte par les fonctionnements institutionnels réels, qui œuvrent tous à la dépossession. Nuit debout en quelque sorte, ça a été un retour à l’essence de la politique, retour qui n’a pu sembler inouï que du fait que cette essence est obscurcie par les captures de la représentation étatique-parlementaire
Le principal succès de Nuit debout en fait demeure invisible : il s’est silencieusement inscrit au fond des esprits, car Nuit debout a précipité au travers de tout le pays cette idée simple, mais puissante que « quelque chose ne va pas », que « ça ne peut plus durer comme ça ». Nuit debout a clarifié le sentiment confus d’une séquence politique de longue période, on pourrait dire pour faire simple celle de la Ve République (mais, en fait, c’est tellement plus profond), arrivée en phase terminale : la combinaison du désastre néolibéral et de la confiscation institutionnelle n’est plus tolérable. Si les hommes de la politique instituée pensent que, la place de la République désertée, ils ont la paix et peuvent revenir tranquillement à leurs petites affaires, ils se trompent, et de beaucoup. Ce qui s’est inscrit dans les esprits ne s’effacera pas de sitôt. Les places peuvent être réoccupées, les rues reprises, à tout instant.
https://reporterre.net/Frederic-Lordon-Nuit-debout-a-ete-un-retour-a-l-essence-de-la-politique
17:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les crises
Les démagogues, nous rappelle Soljenitsyne, sont des personnes diminuées et creuses. “Un pouvoir illimité entre les mains de gens limités conduit à la cruauté,” écrit-il.
“La vie générale de la société se résume au fait que les traitres ont été promus et que les médiocres ont triomphé, tandis que tout ce qui était le meilleur et le plus honnête a été piétiné,” observe-t-il. Des ersatz d’intellectuels, des remplaçants “de ceux qui avaient été détruits ou dispersés,” ont pris la place des vrais intellectuels.
“Après tout,” écrit Soljenitsyne, “nous nous sommes habitués à considérer comme courage seulement le courage guerrier (ou le genre de courage qu’il faut pour voler dans l’espace), celui qui fait retentir les médailles. Nous avons oublié un autre concept de courage – le courage civique. Et c’est tout ce dont notre société a besoin, seulement cela, seulement cela, seulement cela !”
Cette sorte de bravoure, il le savait en tant que vétéran de guerre, demande un courage moral qui est plus difficile que le courage physique rencontré sur le champ de bataille.
“Cette désobéissance tranquille, unanime, à un pouvoir qui ne pardonnait jamais, cette insubordination obstinée, douloureusement prolongée, était d’une certaine manière plus effrayante que le fait de courir et hurler sous les balles,” dit-il.
http://www.les-crises.fr/quand-arrive-la-peur-par-chris-hedges/
14:33 | Lien permanent | Commentaires (0)