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31/03/2017

DIACRITIK

Toute chose est en soi-même contradictoire.

Hegel

 

 

Protagoras bègue, Valls ne porte en lui effectivement comme tout sophiste aucun projet, aucune vision – il est le désert plastique de la politique. Il se tient, à l’entrée de tous les partis, comme une enveloppe vide qui attend cruellement son destinataire mais craint toujours d’être poste restante au mieux, lettre morte au pire. À ce titre, dans le jeu politique (car il croit qu’il s’agit d’un jeu), Valls surgit toujours comme une place à occuper, ce en quoi il incarne avec rutilance cette rhétorique contemporaine qui, à la lutte des classes fondatrice de la violence de nos sociétés, substitue par cynisme et calcul la lutte des places. La lutte n’y est plus une lutte car, de ce monde devenu open space hypertrophié et entreprenariat généralisé, il ne s’agit plus de s’affronter à une question mais de négocier avec la question : il faut dédramatiser la violence d’un choix politique pour lui substituer une compromission qui relève d’une contractualisation de la vie politique au sens managérial. Le management est devenue la seule grille de lecture des actions politiques sous Hollande : son ennemi était la finance, le management sera au fil de son quinquennat devenu son meilleur allié. Valls n’attend pas de rejoindre Macron – il faut entendre ici le désastre dans toute sa noirceur : dans la lutte des places qui est une version barbare mais policée (quelle meilleure définition aujourd’hui de la bourgeoisie désormais toujours télévisuelle ?) des chaises musicales, Valls attend de Macron une promotion. Il est semblable à un chroniqueur de Cyril Hanouna qui réclame un plan-caméra – il n’est d’ailleurs guère étonnant qu’une émission aussi violente que Touche pas à mon poste ! fasse de tels scores sous Hollande tant elle est aussi bien télévisuellement la version catastrophique mais juste d’un conseil des Ministres sous Hollande – la violence de sa mise en abyme.

 

https://diacritik.com/2017/03/30/manuel-valls-sganarelle-de-la-presidentielle/

29/03/2017

Pont Freudien

Justement, le concept de l'angoisse est le titre d'une des œuvres les plus importantes sur la question de l'angoisse. Le concept de l'angoisse est le titre d'une œuvre de Sören Kierkegaard, philosophe danois, de la première moitié du XIXe siècle, qui a écrit ce livre vraiment beaucoup mieux orienté, que beaucoup de traités actuels sur l'angoisse. Il s'agit justement du concept de l'angoisse, mais ce que dit Sören Kierkegaard est très intéressant: c'est un concept de ce qui n'a pas de représentation. Donc, c'est le concept de ce qui est un manque de concept lui-même, de ce qui n'est pas un concept. Et c'est pour ça que directement, il parlera de l'importance du manque, du manque pour concevoir ce concept de l'angoisse. Et dans ce sens, il anticipe certaines conceptions sur l'angoisse qui seront reprises par Freud et par Lacan. Par exemple, ce sera le premier qui dira que l'angoisse est un affect, comme le rappelait Anne Béraud au commencement. C'est un affect de l'âme. Un affect dans la même série que l'amour, la haine, par exemple. Même Freud ajoutera à ça, que tous les affects - l'amour, la haine, etc. - peuvent se transformer à un certain moment, en angoisse, et que l'angoisse est une sorte d'équivalent général de tous les affects dans le psychisme. C'est-à-dire que c'est un peu comme - oui, Freud dit ça - c'est la monnaie de la nation névrotique ; c'est-à-dire, c'est la monnaie avec laquelle on peut transformer tous les affects - l'amour, la haine - en angoisse.

C'est Kierkegaard qui parle d'abord de l'angoisse comme d'un affect. Il dit aussi que c'est l'expérience d'une possibilité très particulière, la possibilité de la mort. C'est-à-dire que l'angoisse est très liée, déjà pour Kierkegaard, au moment, au moment très important où le sujet se sait mortel; c'est-à-dire, peut se penser lui-même comme mortel. Nous savons qu'on ne vient pas au monde avec l'idée qu'on est mortel. Il y a un moment précis où l'on découvre qu'on est mortel. Ce moment est très lié, pour Kierkegaard, au fait de l'angoisse de se savoir mortel. Et nous verrons que pour Freud cela aura une importance cruciale; pour Lacan aussi.

L'angoisse, dit Kierkegaard, c'est un instant - il lie le fait de l'angoisse à la question du temps, à la temporalité du sujet - c'est l'instant de voir quelque chose et qui passe quelquefois très rapidement, mais qui laisse son effet sur le sujet, et qui ouvre un temps nouveau pour le sujet. Pour Kierkegaard, après l'angoisse, le sujet a changé. Nous assistons à un sujet nouveau après l'expérience de l'angoisse, après cette expérience de se savoir mortel. Bon, c'est pour ça, il comparera l'angoisse avec ce qu'il appelle le vertige de la liberté.

Pour Kierkegaard, le fait de se savoir mortel, c'est aussi la possibilité d'être libre. C'est une idée qu'on retrouvera chez Freud, c'est la possibilité d'assumer sa propre mort. Ceci nous fait aussi libre dans ce monde, et c'est une idée qu'on trouve déjà dans cette définition de l'angoisse très proche du vertige de la liberté, comme dit Kierkegaard.

Et dans un deuxième temps, dira Kierkegaard, l'angoisse devient plus réflexive - et là il donne une définition très jolie - il dit: "le néant, qui est l'objet de l'angoisse, devient de plus en plus quelque chose". Le néant, qui est l'objet de l'angoisse, qui est ce qui cause l'angoisse dans le sujet, devient de plus en plus quelque chose. Nous verrons que pour qu'un néant, un vide devienne de plus en plus quelque chose, il faut l'existence du langage. Sans le langage, il n'y a aucune façon de symboliser un vide, un néant. C'est grâce au langage, au symbole - Lacan dira: c'est grâce au signifiant - qu'on peut symboliser un vide et le transformer en un objet. Et c'est pour cela que l'angoisse est un phénomène si important, c'est à l'origine même de l'expérience du langage pour le sujet. C'est le moment où un néant peut se transformer en objet comme tel. Bon, nous verrons ça à travers quelques exemples après, mais je veux signaler simplement, que dans Kierkegaard on trouvait déjà un peu, certaines idées qui sont reprises par Freud et Lacan.

Donc, cela nous mènerait à une réflexion très lacanienne sur l'angoisse qui serait, qu'il faut étudier les formes diverses du néant en chacun de nous. C'est-à-dire, nous éprouvons de diverses manières, nous faisons des expériences diverses du néant dans notre vie, - l'angoisse est une de ces expériences les plus importantes - alors il faut faire une étude du néant. Je dirais même qu'une analyse est un peu ça. Une analyse, c'est pouvoir arriver à savoir comment on a expérimenté certains néants qui ont été angoissants dans notre propre vie.

 

http://pontfreudien.org/content/miquel-bassols-l%CA%BCangoisse-ses-objets-et-la-r%C3%A9ponse-du-psychanalyste

 

(Note: c'est pas encore tout a fait ça; en réalité il ne s'agit pas d'un concept sans concept, mais d'un concept sans connaissance, d'une idée d'inscience comme la beauté, le concept d'une idée au sens kantien, au sens ou Kant distingue, connaître et savoir et sans lequel l’intentionnalité de l'esprit et sa réflexive relecture historique sombre dans la confusion non existentielle)

Lacan Quotidien

Le sujet de l’inconscient est, dit Lacan, non pas contradictoire et vain, mais vide et évanouissant. C’est pourtant lui que les discours cherchent à nommer d’une façon ou d’une autre. Le discours politique, le discours du maître, fait de l’identification la clef d’une capture. Comme l’a souligné J.-A. Miller : « Aux yeux de Lacan, la politique procède par identification, elle manipule des signifants-maîtres, elle cherche par là à capturer le sujet. Celui-ci, il faut le dire, ne demande que ça, étant, comme inconscient, en manque d’identité, vide, évanouissant. » (11) C’est un point sur lequel Amartya Sen (12) a beaucoup insisté. Les sujets ont de multiples identités. Le discours des politologues rejoint là le multiple des identifications qui est le point de départ de la psychanalyse. En ce sens aussi, « l’inconscient, c’est la politique » (13). La fragmentation des choix des citoyens, jusqu’à rendre le gouvernement impossible, est une des possibilités ouvertes par la faille de l’identité, comme un envers de la convergence vers l’identité régressive au fantasme mortifère.

 

http://www.lacanquotidien.fr/blog/wp-content/uploads/2017/03/LQ-644-1.pdf