09/05/2013
Exo...
Les messes noires de l'angoisse pouvaient durer des jours ; et comme un juif respectant le Shabbat, durant ces journées ou l'esprit travaillait en moi, je ne pouvais absolument rien faire ; ni peindre ni lire ni écrire, ni penser, ni boire ni manger avant que la nuit obscure n'est avalée tous mes sens ; je ne pouvais que marcher a travers les rues dans l'espoir de rejoindre une pensée cohérente et une terre ferme qui m'échappait; on s'imagine mal l'extrême fragilité de la larve puisant dans son exosquelette en décomposition la lymphe des éléments de sa métamorphose du vide sémantique; suspendue a la pensée de l'incompréhensible, peu a peu je renaissais très douloureusement a moi-même; mais quelque chose c'était définitivement inversé : au lieu de trouver la joie de la sécurité dans la pensée explicitant le connu, et qui rend l'extériorité commensurable a l'intériorité, l'apport de l'angoisse ne trouvait le repos que dans la disjonction des deux; un peu comme si on avait considèré en peinture, que l'expropriation des formes et des couleurs rendait mieux l'essence de l'espace, que le lieu de leur incorporation reciproque dans des figures obsoletes ; mon choix désormais se réduisait a ne pouvoir penser qu'en me confrontant a l'incompréhensible ; et jour après jour, très lentement, s'affermit en moi une orientation de la pensée qui ne surmontait son angoisse qu'en acceptant de comprendre qu'elle ne pouvait pas comprendre ; des que j'admettais l'incompréhensible tout rentrait dans l'ordre et je me retrouvais; si le vrai sens de la vie faisait de celle ci une école de l'esprit, alors assurément j'étais en train de passer l'examen des souffrances pour les classes supérieure de l'ailleurs ; quel enfantillage donc que toutes ces procédures sociales qui stérilisent l'esprit et le refoule de la vie ou dieu éduque chacun a l'éternité; un rien pouvait m'émouvoir jusqu'au limite de l'évanouissement, ou me faire rire d'une manière inexplicable ; un père qui gronde son enfant au sortir de Fermat, un chien au regard trop doux, un éclat de réverbère dans le chrome d'une voiture, ou la forme etrange de l'iris dans l'oeil d'un copain ; mais d'une manière générale mon sentiment était dominé par une immense pitié, une extrême empathie a la souffrance des êtres ; tout me semblait vivre et souffrir sans gaieté; tout exigeait de moi un amour inconditionnel, illimité et infini; les visages des saints au tympan de la Daldabe n'étaient pas sculptés dans la pierre, mais soufflés par les larmes du vent d'autan comme des oiseaux de verre surgit de l'intérieure d'un amour emmuré. A cette époque on faisait nos courses au petit monoprix sous les nouvelles galeries rue lapeyrouse; la j'étais contraint d'inverser mon extrême sensibilité en une totale insensibilité a tout l'étalage des marchandises bien connues qui offraient a mon esprit des voix et des supports qui le refoulé dans le dessacord de l'angoisse, le reduisait , lui l'essentiel, a une futilité ; je marchais donc, comme un aveugle les yeux grands ouverts dans les rayons du magasin pour qu'aucun acquiescement de mon esprit a quelque chose de connu n'alimente a nouveau l'angoisse et ne perde son sel ; en rentrant je passais sur le parvis de l'église de la Dalbade, ou souvent des concertistes préparaient les orgues ; je m'essayais sur un banc, fumais une clope en écoutant les répétitions, mais j'étais devenu plus sensible au fausses notes qu'aux longs développements harmonieux qui me semblaient hypocrites.
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08/05/2013
Ex....
La bible était pour moi alors l'unique traité de logique au monde ; ses paradoxes avaient sur moi le pouvoir non de tout expliquer, mais de discerner l'essentiel, d'ouvrir et de sculpter dans la masse informe de ma vie une lumière d'intelligence brillante comme une passion infinie et d'en définir l'intérêt, comme si mon âme avait depuis toujours ignoré son propre bien et en avait par eux reçu le nom qui le faisait apparaître a ces yeux: la félicité ; jetais encore loin d'être suspendu a cette unique parole ; je ressemblais alors a Judas Iscariote, fripé comme une figue seche se s'effritant dans le vide de sa poudre d'or, perdu et ignoré du verbe comme l'est l'amour d'un traître, plutôt qu'au nouvel atome de clarté que révèle la mort nodale du premier ; chaque nuit ma raison mourait dans le vertige de la peinture ou l'ignorance , laisse entrevoir un être différent et beau a aimer ; chaque nuit renouvelait la divine récompense de la joie mûrie dans d'âpres douleurs ; souvent après des heures et des heures passées a peindre littéralement saoul je ne savais plus du tout ou j'habitais ; combien d'heures prostrées dans un coin a ne pouvoir bouger ne serait-ce que le petit doigts, parce que j'avais perdu tout sens objectif de la réalité ; si mes tremblements n'avaient été ceux du scellement édifiant de mon éternelle intériorité, ils aurait fait trembler l'immeuble et réveillés le vieux grillot ; il serait monté l'air béat aurait sonné en pleine nuit, réveillé toute la maisonnée, qui m'aurait trouvé en cet état d'effroyable stupeur....j'avais pas encore la force du christ pour pouvoir supporter la grâce des accusions publiques. La pensée entièrement poreuse a elle-même, complètement angoissée est la forme véritable du doute ; et toute certitude formelle qu'on y ajoute revient a jeter de l'huile sur le feu; l'amour au contraire libère parce qu'il ne peut donner de lui-même aucune assurance objective ; tribulation de l'esprit dit davantage que doute de la réflexion. Dorian gray peignait la noirceur qui le rendait socialement hypocrite en diable, moi je croisais du vivant dans les lavis inanimés qui me rendais incompréhensible au commun des quidams; la folie aurait pu s'emparer de moi, me déchirer complètement en laissant une partie de mon esprit de chaque coté de la toile ; mais je ne peux pas dire non plus que j'ai échappé a ses griffes, puisqu'au contraire je l'ai laisser me déchirer complètement pour me scinder sous les coucous du ciel en mandorle picorant les restes de ma cervelle ouverte.
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07/05/2013
E.....
C'était ma première expérience de la répétition; et quiconque n'en soupçonne pas même l'existence n'est qu'un airain vide et fat ; et ce n'est pas chez les agrégés de philo et autres docteurs en pataphysique que j'ai rencontré d'autres individus ayant fait la même expérience; mais toujours chez les déclassés chez ceux que les autorités intellectuelles négligent parce qu'en leur absolu incurie ces autorités voudraient que la vérité soit autre chose que la conscience consubstantielle a soi de l'amour surmontant sa propre mort; vous pouvez avoir fait plus de fois le tour du monde qu'Ashaverrus, étendre votre érudition jusqu'à l'égaler a celle de Faust, ou avoir multiplier les expériences sensuelles autant que Don Juan, si vous n'avez pas simplement évidé le noyau de votre propre intériorité vous n'avez stricto-sensus rien fait ; c'est a peine si vous êtes né ; par contre ceux qui ont plongé dans les flammes du désert objectif et ont bu l'eau spirituelle de l'amour authentique, sont marqués par cette expérience comme par un traumatisme de guerre et en ressortent transfigurés. C'est au coeur des flamme dans l'oeil de l'incendie qu'on descend en chute libre en soi-même, au-delà de soi-même, dans le souffle brûlant d'une élévation qui nous ramène au réel subverti, refaire la boucle de la répétition; l'immatérialité de l'oeuvre d'art rend un peu du reflet de cette dématérialisation de soi ou l'on devient consubstantiel a soi-même tout en prenant conscience qu'on existe dans le secret d'un Autre; le pistils duveteux caché entre les pétales est offert a la pollinisation, la rivière de sève qui coule dans les tiges, cache un mouvement inverse d'absorption des nutriments ; qui peut se réjouir d'un bienfait sans en soupçonner les inconvénients n'est qu'un crétin, ou un croyant ; la contradiction est partout tout le temps, sauf sauf dans l'accord de la répétition, parce que la mort a soi-même remet l'amour dans l'ordre croissant ; le jeune couple qui entre dans la cathédrale Saint cyprien un dimanche après-midi pour se marier et qui en ressort unit devant dieu, a reçu l'onction de la parole discriminante : pour le meilleur et pour le pire car il faudra bien aussi qu'ils se haïssent un jour pour pouvoir dire qu'ils se sont aimer vraiment. Parce qu'il faudra bien que leur premier amour, ou ils avaient cru a l'instant des affinités électives s'inscrirent a jamais dans une réalité pleine de sens, périclite avec leur langue imparfaite, et que muet et stupide ils redécouvrent dans l'ignorance et l'aphasie toute la puissance réelle de l'amour et d'une langue étrangère qui les habite et que leur réflexion n'a jamais perçue complètement. A eux alors de faire le choix infiniment humiliant, infiniment scandaleux et rabaissant, tuant l'orgueil dans ce qui nous interdit de n'être que lumière, d'aimer son ennemi, et de se haïr soi-même, pour s'élever, et renaître de la mort des parhélies illégitimes du moi éternel.
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